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recommandant de n’accorder des primes que pour des étalons noirs ou bais qu’un moyen indirect de propager les chevaux anglo-normands, qui descendent des étalons de l’état. De là des réclamations de la part des cultivateurs, des journaux d’agriculture, réclamations qui ne seraient fondées que s’il n’était pas possible de trouver des chevaux bais semblables pour les formes et les qualités aux chevaux gris-pommelés qui peuplent actuellement la Beauce, le Perche, une partie de l’Ile-de-France, l’Orléanais, etc. ; mais, nous le répétons, il n’en est pas ainsi, et la discussion que nous introduisons incidemment dans cette étude nous paraît d’autant plus utile que, si on ne cherche pas à faire dévoyer la production des chevaux de trait de la pente qu’elle suit depuis trop longtemps, tous auront bientôt échangé leur robe, généralement d’un beau bai-brun à reflets soyeux, comme était celle des anciens boulonnais, contre une robe qui devient complètement blanche dans la vieillesse, et qui, si elle n’a pas de graves inconvéniens pour certains services, en a de sérieux au point de vue de l’armée.

On a vu qu’une des grandes charges de la production des chevaux de selle, c’est la nécessité de conserver les poulains jusqu’à l’âge de quatre ou cinq ans sans les faire travailler, ou en ne leur faisant faire que des travaux peu pénibles et partant improductifs. Il faut donc que le prix de vente paie tout l’entretien des animaux, c’est le nœud de la question ; mais, au lieu d’attribuer la rareté de ces animaux à l’insuffisance des prix d’achat et au manque de débouchés sûrs, l’on en a cherché la cause dans des circonstances secondaires. On a cru pouvoir remédier au mal par des moyens qui laissent les producteurs indifférens. Examinons ces moyens.

La manière de faire les achats des chevaux de remonte, indépendamment des prix, n’est pas absolument sans influence sur la production. Le mode qui paraît le plus simple consiste à permettre aux régimens d’acheter directement les chevaux dont ils ont besoin. C’est un moyen facile à pratiquer quand le régiment est en garnison dans des pays qui élèvent des chevaux à sa convenance ; mais s’il était obligé, ce qui arriverait souvent, d’envoyer des acheteurs à de grandes distances, l’opération deviendrait difficile. Il arriverait quelquefois qu’ils ne trouveraient pas à acheter, et toujours leur présence ferait élever les prix : des acheteurs venus de 40 ou 50 lieues sont portés à faire des acquisitions quand même ; ils paient cher, s’il le faut, prennent même ce qui ne convient que médiocrement, pour ne pas s’être déplacés inutilement.

L’achat par les dépôts de remonte est plus rationnel. Nous en comptons une vingtaine en France et trois en Afrique : à Blidah, à Mostaganem et à Constantine. Ces établissemens sont placés dans des pays de production, d’élevage. Les transactions sont faites par