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à 7, et le budget ainsi accru se solda en recettes à 71 millions de liv. st. et en dépenses à 69,500,000 liv. ; mais à ces charges nouvelles devaient s’ajouter en 1860 des difficultés d’une autre nature. Un traité de commerce venait d’être conclu avec la France, et ce traité, bien que fort avantageux pour l’Angleterre, n’en devait pas moins porter provisoirement atteinte à son revenu.

Dans un premier exposé, présenté au parlement au mois de février 1860, M. Gladstone, rentré au pouvoir depuis quelques mois eni qualité de chancelier de l’échiquier, évaluait à 70 millions de liv. les besoins du prochain exercice. Comme il y faisait une économie de 2,150,000 liv. d’annuités à terme éteintes depuis le 1er janvier précédent, les crédits réclamés se trouvaient ainsi dépasser de 2,700,000 liv. st. ceux de 1859, et le surplus s’appliquait en entier aux besoins de l’armée et de la marine. Quant aux recettes, privées d’un côté de l’income-tax et des surtaxes sur le thé et sur le sucre, toutes ressources qui expiraient au 1er avril suivant, et de l’autre affaiblies par les remises ou suppressions des tarifs résultant du traité de commerce, elles ne pouvaient être estimées à plus de 59,500,000 liv. st., et l’insuffisance des moyens s’élevait ainsi à 10,600,000 livres.

Ce traité de commerce, dont les dispositions furent soumises en même temps que le budget à la sanction du parlement, abolissait d’une façon complète tous les droits de douane sur les objets de fabrique française. Les taxes sur les eaux-de-vie étaient réduites de près de moitié, et celles sur les vins, perçues désormais d’après la force alcoolique, subissaient une diminution variant du tiers aux trois quarts. L’ensemble de la décharge pour le consommateur devait être de 1,740,000 liv. st. Toutefois, comme il y avait lieu de supposer que l’importation des liquides dégrevés s’accroîtrait sensiblement, M. Gladstone n’évaluait la perte pour le trésor en 1860 qu’à 1,200,000 liv. sterling. Un pareil sacrifice était considérable, eu égard surtout à la situation financière, et néanmoins ce ministre proposa de l’étendre encore, en complétant la réforme douanière par la suppression ou la réduction d’autres taxes qui portaient sur divers articles non compris dans le traité. « Sans ; doute, dit-il, on ne manquera, pas d’objecter que nos besoins sont trop grands ; et que nos ressources sont trop restreintes pour qu’il soit prudent d’entreprendre en ce moment une réforme commerciale dont l’effet immédiat sera de réduire notre revenu ; mais ce n’était pas non plus dans des jours d’aisance que Robert Peel avait proposé la réforme de 1842, et cependant le pays avait dû à cette réforme le développement de sa prospérité et l’affermissement de ses institutions. Ainsi l’augmentation de son commerce d’exportation, qui de 1831 à