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La bataille de Sadowa fut la première expérience de la convention. La Prusse en signifia le texte à l’Autriche, et en suivit les dispositions malgré le refus de son adversaire. La pratique sur le terrain révéla les bienfaits certains, mais en même temps l’insuffisance ou les difficultés d’application de quelques-uns des articles de la convention, et en 1867 un grand nombre de médecins et de chirurgiens allemands se rendirent à Paris, à l’occasion de l’exposition universelle, pour prendre part à des conférences internationales provoquées par la société française de secours aux blessés, que présidait le général duc de Fezensac. Dans une galerie spéciale dont l’emplacement est occupé maintenant par un parc d’artillerie, au Champ de Mars, l’exposition présentait un choix de tous les instrumens, véhicules, lits, inventés par les différentes nations pour le service des blessés, avec une collection de livres sur le même sujet en toutes les langues, collection enrichie des immenses documens réunis par le docteur Évans sur les travaux de la commission sanitaire des États-Unis. La salle de conférences vit rassemblés les délégués des sociétés de secoure de tous les pays, les chirurgiens de toutes les armées qui s’étaient battues depuis dix ans, le docteur Mundy d’Autriche à côté du docteur Langenbeck de Prusse, le docteur Chenu de France et le docteur Longmore d’Angleterre en face du docteur Heyfelder de Russie, les chevaliers de Malte et de Saint-Jean, les religieux des ordres hospitaliers et un grand nombre de dames. Un rapport du baron Mundy, chirurgien-major de l’armée autrichienne, suivi de discussions très intéressantes dirigées par le comte Sérurier, eut pour résultat l’adoption d’une série d’articles destinés à compléter les dispositions de la convention de Genève. Les gouvernemens suisse et italien provoquèrent aussitôt une nouvelle conférence diplomatique, et le 20 octobre 1868 cette conférence vota quinze articles additionnels, cinq pour préciser quelques-unes des stipulations de 1864, dix pour étendre les avantages de la convention aux armées de mer. Ces articles n’ont pas encore été officiellement ratifiés par tous les gouvernemens, mais ils sont entrés dans l’usage avec la convention primitive. Le zèle infatigable des sociétés de secours a provoqué de nouvelles conférences qui ont eu lieu à Berlin du 22 au 27 avril 1869. Ces conférences auront été comme une sorte de répétition des rôles douloureux que les chirurgiens des deux nations, si heureux alors de fraterniser, auraient à remplir dans les rangs de leurs armées nationales. Ils ont examiné ensemble les meilleurs appareils, discuté ensemble les moyens pratiques de diminuer les calamités de la guerre, juré ensemble d’accomplir les devoirs de l’humanité, et de respecter la convention qu’ils avaient faite. Cette