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Mystérieux accord appris par la douleur,
Qui fait monter le sang plus chaud à notre cœur !

C’est un beau jour de l’an dans la ville assiégée !

Les maudits qui la croient de désespoir rongée,
En proie aux factions des traîtres et des fous,
Oh ! s’ils pouvaient nous voir unis, résolus, tous !
Oh ! s’ils pouvaient la voir, notre armée aguerrie.
Légions qu’enfanta l’appel de la patrie !
Tous ces dormeurs d’hier réveillés à ton nom.
Et qu’a déjà brunis le souffle du canon !

Et tout cela pour toi, France, mère adorée !

Chacun a bien compris que l’heure était sacrée.
Et qu’il fallait lutter jusqu’à la mort ici
Pour que l’on pût là-bas se relever aussi !

N’est-ce pas que l’étrenne est belle ? — On te l’envoie !

Sache que nous souffrons ce qu’on souffre avec joie ;
Sache que tous ont mis les douleurs en commun.
Et que le désespoir cherche encore quelqu’un !
Car pour tout oublier, larmes, craintes, prières.
Et tout le sang des fils, et tous les pleurs des mères,
Et tous ceux qui partis ne sont pas revenus,
Pour nous faire oublier ces tourmens inconnus
De la faim, du danger, du froid, de l’ignorance,
Il suffit qu’on se dise un seul mot : pour la France !

. . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . .
Allons ! pille, assassine, arrache, égorge encore,
Temps inassouvi dont la faux nous dévore !
Tu n’as pas empêché que les vaincus d’hier.
Debout sous le grand ciel qui luit joyeux et clair,
Ne soient venus du fond de ta ville cernée.

Te souhaiter, ô France, une superbe année !


II. — le volontaire.

— Chère femme, je viens te dire un gros mystère
Ce matin je me suis engagé volontaire.