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règne, présente un reflet fidèle de la conduite des affaires publiques. Sous l’impulsion qui lui est donnée, le budget, chargé de pourvoir à l’exécution des conceptions du souverain, prend en quelques années d’énormes accroissemens. De 1 milliard 513 millions, chiffre de 1852, il ne tarde pas à dépasser 2 milliards. Pendant la guerre de Crimée, il s’élève à 2 milliards 399 millions, et pendant la campagne d’Italie à 2 milliards 207 millions. En 1868, dernier exercice réglé, il était encore de 2 milliards 137 millions.

L’augmentation des dépenses affecte surtout les ministères de la guerre, de la marine et de l’intérieur. Le ministère des travaux publics consomme plus d’un milliard en travaux extraordinaires dans toute la période. Parmi les articles qui offrent les plus gros accroissemens, on remarque les dotations, portées de 8 à 51 millions, et comprenant la liste civile, la dotation des princes et princesses de la famille impériale, la dotation du sénat, l’indemnité des députés et le supplément à la dotation de la Légion d’honneur.

Des augmentations s’observent sur les dépenses du personnel de tous les services : au conseil d’état, dans les administrations centrales de tous les ministères, dans toutes les cours et tribunaux de l’empire. La dépense des états-majors passe de 16 à 22 millions, la solde et l’entretien de l’armée de 162 à 208 millions ; la solde de la marine grossit dans la même proportion. D’autres surcroîts résultent des traitemens du clergé et des frais de notre diplomatie. Dans les départemens, les préfectures et sous-préfectures coûtent 3 millions de plus qu’en 1852, et la réunion dans la même main des fonctions de payeurs et de receveurs-généraux ne parvient pas à arrêter la progression de la dépense qui les concerne. Enfin le conseil privé vient apporter une nouvelle charge au budget. Il est juste d’ajouter que le ministère de l’instruction publique prend aussi sa part dans l’augmentation du chiffre des crédits ; l’instruction primaire notamment voit doubler le montant de ses allocations.

Pour faire face à cette masse énorme de dépenses, il fallait des ressources considérables. On les trouva en partie dans le produit ordinaire des impôts, dont l’essor, favorisé par la prospérité générale, s’éleva rapidement. De 1852 à 1868, on observe sur les contributions directes une augmentation de 60 millions et une augmentation de près de 500 millions sur les contributions indirectes. Le produit de ces dernières contributions atteignait en 1868 le chiffre de 1,295,951,928 francs. Cependant la marche des revenus n’était pas aussi rapide que celle des dépenses. Les recettes ordinaires ne pouvaient subvenir aux charges extraordinaires des travaux publics et de la guerre. Il fallut donc chercher dans des ressources exceptionnelles le moyen de combler les déficits et d’équilibrer les bud-