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aux grandes charges comme Guillaume de Nogaret, Pierre Flotte, Guillaume de Plaisian.

L’action de Pierre Du Bois fut nécessairement limitée à un petit nombre de personnes. Nogaret paraît avoir été en relation avec lui ou avoir connu ses mémoires. En 1310, Nogaret remet au roi un plan de croisade qui est calqué sur celui de Du Bois. Il y a aussi entre les opuscules de Du Bois et ceux de Raymond Lulle des ressemblances et des synchronismes qui ont pu faire croire à des relations entre ces deux personnages ; enfin on a voulu qu’il ait été en rapport avec Pierre de Cugnières. Antoine Loisel, cherchant à joindre le nom de ce dernier à la liste bien courte des avocats du temps de Philippe le Bel, reconnaît que les temps ne se peuvent facilement accorder, « si ce n’est, ajoute-t-il, que l’on voulust dire que, ledit sieur de Cugnières étant encore jeune advocat et en la fleur de son âge, il fut appelé avec Du Bois pour faire la response à la bulle, car il est véritable que le sciat fatuitas tua, etc., ressent aucunement la gaillardise de Pierre de Cugnières et l’argutie de l’éloquence française catonnienne,… et il y a deux choses qui pourraient faire croire que M. Pierre de Cugnières y aurait mis la main : l’une est que le greffier Du Tillet escrit que Du Bois fut aidé en ce que dessus par un personnage de grande littérature légale, qui estait à mon advis plus grande en de Cugnières qu’en Nogaret, lequel en récompense avait meilleure espée que lui, l’autre que l’un des principaux argumens de la response envoyée au pape Boniface est fondé sur le même passage de l’Évangile que de Cugnières prit pour son thème contre les ecclésiastiques du temps de Philippe de Valois : Reddite, etc. » Jean-Louis Brunet adopta la supposition de Loisel. M. de Wailly reconnaît aussi des ressemblances entre les raisonnemens des deux grands adversaires de la juridiction cléricale ; mais c’était là un sujet qui pendant cinq ou six cents ans se cessa d’être à l’ordre du jour en France et de provoquer de la part des défenseurs du droit civil les mêmes remontrances.


II.

Les écrits actuellement connus de Pierre Du Bois sont, comme on voit, au nombre de dix ou onze. Il en avait en outre composé au moins un qui n’a pas encore été retrouvé.

I. — Summaria brevis et compendiosa doctrina felicis expeditionis et abbreviationis guerrarum ac litium regni Francorum. Du Bois, citant lui-même ce traité, ajoute au titre : et de reformatione status universalis reipublicæ christicolarum. Cet écrit se trouve dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, 6222. c Le texte est inédit ; mais M. de Wailly en a donné une analyse si étendue et