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dinairement construites avec de la boue mêlée d’un peu de paille ; en Europe, on les appellerait des cabanes. Le sol, sans ondulations, un peu sablonneux, résulte des alluvions déposées par les rivières qui en se réunissant forment le Peï-ho. Ces alluvions menacent de combler le golfe de Pe-tche-li, comme elles ont déjà envahi une portion du littoral. On a des preuves qu’il y eut un temps où la mer venait à Tien-tsing, situé aujourd’hui à la distance d’une douzaine de lieues de la côte ; le fait est attesté par les vieux livres des Chinois, et la certitude en est fournie par les coquilles marines qui se trouvent dans cette localité, et que le père Armand David a rencontrées beaucoup plus loin encore dans l’intérieur des terres. Un phénomène bien souvent décrit par les voyageurs qui ont traversé les déserts d’Afrique, le mirage, est fréquent dans les campagnes du Pe-tche-li en hiver et au printemps, surtout vers le milieu du jour. En tournant les yeux vers le soleil, on croit apercevoir près de la ligne où le ciel se sépare de la terre une multitude de lacs sur lesquels se reflètent tremblotantes les cimes des arbres et les maisons des villages ; on s’imagine même qu’on distingue le mouvement d’une eau limpide s’écoulant dans des fleuves. À l’approche du voyageur, la scène change d’aspect, et bientôt le magnifique spectacle s’évanouit entièrement : c’est un effet d’optique dont la cause a été mille fois expliquée.

Le pays entre Tien-tsing et Pékin est généralement bien cultivé, et partout on ne voit que champs de sorgho, de maïs, de millet, de fèves, de courges. Tout près de Tien-tsing s’étend une grande plaine verdoyante ; mais, entre cette ville et Takou, au bord de la mer, le terrain sans culture, parsemé de marais et d’étangs où croissent des joncs, n’offre qu’une très pauvre végétation. Néanmoins des lièvres et des oiseaux aquatiques se montrent en assez grande abondance dans la contrée. Sur les rives du Peï-ho seulement, des monticules de sable rompent quelque peu l’uniformité du terrain, qui s’élève d’une manière insensible depuis Takou jusqu’à Pékin. C’est à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de la grande capitale qu’on atteint les premières montagnes d’une chaîne contournant la province vers le sud et finissant dans le nord au désert de la Mongolie. L’aspect de cette région n’offre rien encore de très séduisant. Les montagnes qui bordent la grande plaine du Pe-tche-li qu’on aperçoit du haut des remparts de la grande ville, le plus souvent voilées par une légère vapeur, sont des pics d’une hauteur de 1,000 à 1,200 mètres formés de roches calcaires d’un gris bleuâtre ; celles qui s’étendent jusqu’en Mongolie, composées principalement de roches granitiques, ressemblent au contraire à des mamelons. Depuis une époque sans doute fort ancienne, on extrait de l’anthracite de plusieurs des montagnes voisines de