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logie, le droit civil et le droit canonique à la fois, ainsi que dans la pratique de ces sciences. Sans doute il est écrit : Maria meliorem parlem elegit ; mais, si le prélat veut se livrer tout entier à la contemplation comme Marie, il doit entrer en religion ou se faire ermite, et laisser à un autre la verge du pasteur.

Il faudra que quelques élèves soient initiés aux sciences mathématiques à cause des nombreux avantages pratiques qu’on en peut tirer. Frère Roger Bacon, de l’ordre des frères mineurs, a écrit un petit livre sur ce sujet[1]. Chaque catholique, surtout s’il est lettré, doit connaître la grosseur et la grandeur des globes célestes, la rapidité du mouvement du soleil, de la lune et des autres étoiles. Il ne doit pas ignorer combien auprès de ces corps célestes est petite notre terre, qui est pourtant si grande par rapport à l’homme. Ceux des élèves à qui leur santé ne permettrait pas le voyage d’outremer seront retenus pour servir de professeurs et de préfets des études, capellani studiorum. Il faut rechercher des savans grecs, arabes, chaldéens, etc., pour qu’ils instruisent les plus habiles élèves dans leurs langues littérales, et ceux qui ont moins de facilité dans les langues vulgaires ; ces derniers pourront servir de drogmans pour les illettrés, car « je pense, dit l’auteur, que, de même que chez nous latins nous voyons chaque idiome littéral contenir divers patois vulgaires, il en est de même en Orient. »

On instruira les plus robustes dans l’état militaire. Ceux qui feront peu de progrès dans l’étude des lettres devront être appliqués à la pratique des arts mécaniques, si utiles à l’art militaire. L’auteur en prend occasion pour recommander de nouveau l’ouvrage de Roger Bacon De utilitatibus mathematicarum. Les plus habiles parmi les jeunes filles trop faibles de santé pour entreprendre le voyage d’outre-mer resteront pour garder et instruire les autres dans la science et la pratique de la chirurgie, de la médecine et de tout ce qui se rattache à l’art des apothicaires.

Mais le droit surtout est nécessaire à tous. S’appuyant sur un adage du docteur en droit civil et canonique, Hugues le Grand (Hugo Magnus)[2], et de l’autorité d’Ovide, Du Bois veut qu’on établisse pour les colons de la Palestine un code uniforme, et qu’on procède de la même manière dans les tribunaux civils et dans les tribunaux ecclésiastiques : plus de ces procès interminables qui survivent aux plaideurs. Pour venir en aide aux jeunes gens, l’auteur,

  1. Quatrième partie de l’Opus majus, considérée comme un ouvrage à part.
  2. Ce personnage nous est inconnu. L’adage que l’on cite de lui,
    Felix quem faciunt aliena pericula cautum,
    prouve que son ouvrage était en vers. Le vers cité a si bonne tournure qu’on peut le croire ancien.