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vêtemens chinois ; les femmes néanmoins conservent la coiffure nationale, et elles ont les tempes chargées de bijoux de verre ou de métal reliés à leurs boucles d’oreilles. Chez les habitans de l’Ourato qui ont résisté à l’influence étrangère, les hommes et les femmes sont habillés de la même façon, et le costume ne manque ni d’originalité ni d’élégance. C’est un large pantalon, une longue robe avec une ceinture attachée sûr le côté droit par cinq gros boutons en cuivre, et de grandes bottes. La coiffure consiste en une jolie toque de forme conique, faite de peau fine ou de velours, et ornée de rubans rouges qui pendent sur le dos. Les hommes, en général très vigoureux, ayant souvent la barbe rousse et assez bien fournie, portent des moustaches et une petite mouche au menton. Les femmes, qui montent merveilleusement à cheval, exécutent les travaux les plus pénibles ; elles gardent les troupeaux, elles ramassent les argols, — la fiente des animaux herbivores, qui est le seul combustible des plaines et des montagnes déboisées ; — elles traient les vaches, les brebis et les chèvres, elles fabriquent du beurre et un fromage détestable au goût des Européens. Les Mongols ne sont pas difficiles à contenter sous le rapport de la nourriture ; cependant ils n’auraient pas de quoi vivre, s’ils n’échangeaient avec leurs voisins les Chinois des bestiaux contre du millet et du sarrasin. Un peu de farine de blé ou d’avoine bouillie est un grand luxe chez les indigènes de l’Ourato ; le mets le plus ordinaire se compose de thé noir mélangé avec du millet et assaisonné avec du beurre ou du lait. Pendant l’hiver, ils chassent le chevreuil, l’antilope à goître, dans les plaines de la Mongolie, et alors viennent les jours de grands festins.

L’Ourato est divisé en trois principautés, l’est, le centre et l’ouest, gouvernées par autant de petits princes qui se réunissent tous les ans avec les chefs des deux principautés voisines pour traiter des affaires générales du pays. Tous les trois ans, ils sont tenus d’aller à Pékin rendre hommage à l’empereur, et ils n’en éprouvent sans doute aucun déplaisir, car ils reçoivent du souverain des cadeaux en argent. Au point de vue de la configuration du sol, l’Ourato peut être également divisé en trois parties : la région méridionale, plaine longue d’une centaine de lieues resserrée entre le Fleuve-Jaune et la chaîne de l’Oula-chan, — la région centrale couverte de hautes montagnes, ayant encore des vallées boisées du côté de l’ouest, — enfin la région septentrionale avec des montagnes peu élevées et des plaines très étendues occupées par les troupeaux où l’on voit des yaks amenés autrefois du Thibet.

Tel est dans l’ensemble le pays que va explorer le père A. David en compagnie de ce guide dont l’esprit est d’une fécondité de ressources inépuisable. M. Chevrier reste à Sartchi pour garder la maison contre les maraudeurs et pour recueillir les plantes et les