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rent toujours aux localités où elle s’était déclarée d’abord. Il en fut de même en Suisse et en France : de légers sacrifices suffirent pour fin détruire les germes dans les villages des départemens du Nord et du Pas-de-Calais, où des vaches venues de la Belgique ou de la Hollande l’avaient importée. Il faut arriver aux néfastes années de 1870 et 1871 pour trouver quelque chose de comparable aux désastres de 1712, de 1745, de 1775 et de 1815. Comment la peste bovine a-t-elle été introduite et quelle marche a-t-elle suivie ? Importée par l’armée prussienne, elle a envahi les départemens ravagés par cette armée. Nous n’avons donc pas besoin de tracer son itinéraire. Nous dirons seulement que les états voisins n’en ont pas été préservés, mais que là où l’on était libre de ses mouvemens on l’a fait disparaître en peu de temps et sans pertes considérables par l’abatage des animaux malades et des animaux suspects. En France au contraire, elle s’est étendue des localités où les armées ennemies l’avaient introduite, par le commerce et par la nécessité de subvenir aux besoins de nos troupes, jusqu’à l’extrémité ouest de la Bretagne et dans le centre bien au-delà des pays envahis. Les grandes préoccupations du moment, la substitution des autorités prussiennes aux autorités nationales, le désordre administratif qu’entraînaient les pressans besoins de la défense, n’expliquent que trop le peu d’efficacité des moyens employés pour la combattre, et la facilité avec laquelle elle a infecté nos provinces de l’est, du nord et de l’ouest.


III.

Les premiers symptômes de la peste bovine se montrent de quatre à quinze jours après que les animaux ont absorbé le germe de la maladie. Des expériences sur l’inoculation ont permis de déterminer la durée de l’incubation ; elle est le plus souvent de quatre à huit jours, mais quelquefois de dix à douze, et rarement de quatorze à vingt. La durée de dix jours proposée par le congrès vétérinaire de Vienne en 1865, et par celui de Zurich en 1867 pour les quarantaines, est trop courte ; elle exposerait à des accidens. — Ce n’est pas à un ou deux signes caractéristiques, c’est à un ensemble de signes qu’on reconnaît la peste bovine. Dès les premières atteintes du mal, la température du corps s’élève ; un ou deux jours après ce phénomène observé par le professeur Gamgel, les animaux sont tristes, indifférens à ce qui les entoure. Leur aspect frappe l’observateur : ils ont la tête basse, tendue, le des est voûté, les quatre membres sont rapprochés ; on remarque des frissons, des tremblemens dans les parties charnues, un trémoussement des chairs, et à la tête