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diverse, seraient trop nombreuses pour l’objet dont nous sommes préoccupé. Avec les subdivisions, avec la classe des établissemens ou services publics, et celle des façonniers, des sous-entrepreneurs et des ouvriers travaillant seuls, qu’il fallait bien placer quelque part, on n’y voyait pas moins de 17 grandes divisions. Le temps nous presse trop pour nous permettre autant de haltes. Nous réduirons les groupes à 8, que nous allons maintenant parcourir. Triste effet des circonstances ! Ce ne sont plus, comme en 1860, des germes d’énergie et d’ardeur que l’observation doit y supputer. Non ; des plaies toutes saignantes s’étalent à la vue ; mais, tout en comptant les pulsations de la souffrance, on peut du moins constater encore que le principe de la vie n’a pas disparu. Le feu sacré n’est pas éteint ; si un souffle de bon sens et de paix vient à passer sur les cendres qui le recouvrent, on peut toujours livrer son âme à ces espérances qui étaient naguère l’honneur de notre siècle, et qui s’adressent à la satisfaction des légitimes intérêts du travail, au triomphe des idées de justice et de progrès.


II.

Parmi les 8 groupes entre lesquels nous semblent pouvoir se répartir les nombreuses variantes du travail dans la capitale, la première place revient assez naturellement, ce nous semble, aux fabrications si variées qu’on peut appeler les fabrications parisiennes par essence. Telles sont les industries d’art, de goût, et les industries de luxe. Voici d’abord la cohorte si renommée, et sans rivale dans le monde pour plusieurs de ses produits, des articles de Paris : fleurs artificielles, parapluies et ombrelles, tabletterie, bimbeloterie, ouvrages en maroquin, nécessaires, boutons de nacre, de corne, de métal et de tissu, etc. Puis vient le travail des métaux précieux avec son cortège d’applications tout artistiques : la bijouterie fine, la bijouterie fausse, dont les imitations ont atteint un si rare degré de perfection, l’orfèvrerie de tout genre, la gravure, la ciselure, le sertissage, et vingt autres opérations délicates. L’ameublement, avec toutes ses ramifications plus ou moins splendides, devait avoir sa place dans ce même faisceau, où sont rassemblés les ébénistes et les menuisiers en meubles, les tapissiers, les travailleurs des bronzes, des papiers peints, les marbriers, les miroitiers, etc. Cette sommaire énumération du groupe se termine par la carrosserie, industrie de luxe, s’il en fut, au sommet de ses applications, mais entraînant avec elle les modestes spécialités qui en sont les accessoires naturels. Pour l’ensemble du travail dans cette première section, le total des affaires annuelles dépassait 660 millions de francs. Aujourd’hui, où en sommes-nous ?