Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 94.djvu/601

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

certitude réglée aux tâtonnemens séculaires des arts. Malgré les services qu’ils rendent, l’importance de ces établissemens n’est pas encore appréciée comme elle devrait l’être, surtout en France; du moins il n’en existe pas assez, ni d’assez convenablement organisés. L’histoire des anciens laboratoires et des diverses institutions consacrées à la science pratique, la description des laboratoires actuels telle qu’on peut l’écrire avec les documens fournis par plusieurs missions récentes, font mieux comprendre les développemens de la méthode expérimentale. Il y a là aussi une perspective curieuse du passé des travaux scientifiques. Peut-être est-il opportun d’y insister aujourd’hui qu’il s’agit de réorganiser sérieusement les hautes études en France et d’y fonder des laboratoires nouveaux.


L’expérimentation régulière et méthodique, introduite définitivement par Galilée dans les sciences de la nature, fut pratiquée avec ardeur dès le XVIIe siècle, grâce à l’exemple d’un certain nombre de compagnies savantes qui se donnèrent pour mission de faire des expériences. L’Académie des Lyncées, fondée en 1603 par Galilée, l’Académie del Cimento, établie à Florence en 1651 par les élèves de Galilée, la Société royale de Londres, instituée par Boyle, Willis et leurs amis en 1645, l’Académie des Curieux de la nature, que Bausch fonda en 1652 à Schweinfurt, enfin l’Académie des Sciences de Paris, qui date de 1666, voilà les premières écoles de science expérimentale. La physique proprement dite y était plus particulièrement cultivée, et c’est à cette époque que furent inventés presque tous les appareils classiques employés encore aujourd’hui. La physique expérimentale est une science de gens du monde. On ne se salit pas les mains en la cultivant, on manie de jolis instrumens, il y a de l’éclat et des surprises dans les spectacles qu’elle donne. Ces motifs avaient séduit beaucoup d’amateurs dans les deux derniers siècles. Des princes, des seigneurs, des abbés, cherchaient un divertissement dans la physique, et avaient des salons affectés aux démonstrations. Voltaire s’était donné ce luxe. L’introduction de la physique dans l’enseignement public se fit peu à peu; mais ce n’est qu’au commencement de notre siècle que des instrumens furent mis à la disposition des professeurs, et que les cours furent accompagnés de démonstrations expérimentales.

Nos cabinets de physique ont conservé quelque chose de l’aspect des anciens salons de physiciens. Ce sont de vastes salles tout autour desquelles on remarque des vitrines où sont renfermés les instrumens. Au milieu de la salle, on laisse à découvert les appareils trop grands pour être placés avec les autres, comme la machine pneumatique, la machine électrique à plateau, etc. Le parquet ciré brille toujours, tout est d’une propreté irréprochable. Aux murs,