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avait les notables bourgeois députés par chaque quartier et élus par leurs pairs.

Les franchises municipales de Paris étaient alors fort limitées. Le bureau de la ville n’avait guère dans sa compétence que des questions d’édilité, de voirie, de police des marchés et de la navigation, et diverses affaires qui s’y rattachaient. Le prévôt des marchands, dont les échevins étaient les assesseurs, ne correspondait ni à ce qu’est aujourd’hui le préfet de la Seine ou de police, ni au maire d’une de nos cités ; c’était une sorte de président de tribunal de commerce avec une juridiction plus limitée en matière contentieuse, mais qui embrassait différentes branches de l’administration. Le prévôt des marchands trouvait au-dessus de lui le prévôt de Paris et la cour du Châtelet, à la tête de laquelle ce dernier et les lieutenans civil et criminel étaient placés. De la juridiction du Châtelet et de la prévôté dépendaient la police proprement dite et tout ce qui tenait à la protection et à la sûreté de la capitale, sous la haute autorité du gouverneur de Paris, commandant en chef des forces militaires et représentant immédiat du pouvoir royal. Quelques détails de la police étaient néanmoins dévolus au prévôt des marchands, et il en résultait parfois des conflits d’attribution entre la prévôté et le bureau de la ville. Si la guerre civile avait favorisé les usurpations de l’autorité municipale, il y avait d’autre part une tendance marquée chez le roi à imposer sa volonté aux décisions du corps de ville. Le prévôt des marchands et les échevins avaient sous leur direction la milice bourgeoise, et dans leur compétence, comme faisant partie de l’édilité, l’entretien des portes et des murs de la ville. Or depuis les troubles religieux la milice bourgeoise avait pris une extrême importance ; elle était devenue une force militaire très sérieuse. On sait qu’à la Saint-Barthélémy elle avait joué un grand rôle. Depuis cette époque, elle était sans cesse appelée à un service indispensable de sûreté publique. Les capitaines et les lieutenans étaient élus ; les colonels, d’institution plus récente et nommés par le roi, recevaient des instructions du prévôt des marchands, soit directement, soit par les quarteniers ou chefs de quartier. Ceux-ci, élus par un suffrage à deux degrés, avaient jadis commandé les compagnies de leurs quartiers respectifs ; ils en dressaient encore les rôles. Les quarteniers étaient donc non des officiers du roi, mais des représentans de la population parisienne ; ils exerçaient sur elle une influence considérable, particulièrement en matière d’élections municipales, car à eux appartenait le soin de désigner les notables bourgeois, électeurs du premier degré. Ils procédaient, chacun dans son quarter, avec les deux cinquanteniers et les dix dizainiers placés hiérarchiquement au-dessous d’eux, au recensement, à l’établissement des taxes et contributions. C’était le quartenier qui faisait