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courant à la Banque plus de 9 millions ; contraint de remettre chaque jour les sommes nécessaires au paiement des gardes nationaux, temporisant devant les menaces, éludant les difficultés pour gagner du temps, il dut en définitive verser 16,700,000 francs. À cette somme on ajoutera, mais sans pouvoir encore en préciser le chiffre, les versemens de l’octroi, les recettes municipales obtenues sous toutes les formes et détournées de leur destination ; ce sera le compte soldé de la guerre civile, et sur lequel il n’y aura plus à revenir. Quant aux dépenses qu’il reste à liquider maintenant, quant aux réparations, aux indemnités auxquelles l’on doit pourvoir, aux dommages causés par l’attaque, aux ravages d’une défense insensée, quel en sera le chiffre, quel sera le débiteur ? Ah ! s’il nous était permis de parler au nom de l’humanité outragée, nous voudrions conserver dans leur état actuel les ruines éloquentes de nos monumens publics pour attester aux siècles avenir, comme le Colisée et le Panthéon à Rome, la magnificence de notre Paris et l’énormité des crimes qui ont fait de tels ravages ; ce n’est l’avis ni du préfet de la Seine, ni du nouveau conseil municipal, puisque, dans les dépenses de réparation dont l’urgence est reconnue, une somme de 3 millions est portée à valoir pour la reconstruction de l’Hôtel de Ville. C’est à plus de 19 millions que s’élève tout d’abord le chiffre des premières dépenses, de réparation.

Pour faire face à toutes ces exigences, le préfet a demandé, et le conseil municipal a voté : 1° la désaffectation de 100 millions environ des ressources de l’emprunt de 1869, qui devaient être toutes applicables au paiement du Crédit foncier et ces 100 millions ont reçu un autre emploi ; 2° l’émission immédiate d’un emprunt nouveau de 350 millions, destiné à remplacer les bons de la caisse des travaux pour 35 millions, les anticipations de cette caisse sur la caisse de la boulangerie et sur les cautionnemens d’entrepreneurs pour 18 millions, les bons de la caisse municipale pour 63, la contribution de guerre pour 210, enfin les dépenses urgentes pour 19 et les frais de l’emprunt pour près de 5 millions ; 3° il a fallu prévoir encore pour 1871 et pour 1872 la création d’une dette flottante de 60 millions. Hâtons-nous aussi d’ajouter qu’il restera pour 49 millions de bons de la caisse des travaux échéant de 1873 à 1876, et que le véritable chiffre de la dette flottante de la ville sera de 109 millions et non de 60. Pourquoi donc cette création d’une nouvelle dette sous forme d’émission de bons de la ville, alors que dans l’emprunt projeté on procède au remboursement des 63 millions de bons déjà existans ? Ceux-ci représentent des dépenses faites qu’il faut liquider, des dettes réelles que l’on consolidera par l’emprunt. Quant aux dépenses que doivent solder les nouveaux bons, elles ne