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en même temps que le péplum, le vêtement de dessous en même temps que le vêtement de dessus. Telle est la statue au Louvre portant le n° 413, dont on a fait, en la restaurant, une joueuse de lyre ; telle est une statue du jardin Boboli de Florence, dont il y a un plâtre dans la collection de l’École des beaux-arts ; telle encore une Vénus drapée du musée de Dresde.

Vêtue entièrement, bien que d’une étoffe très fine et sans doute très finement plissée, à la mode des temps antiques, l’antique Vénus ne devait pas avoir ses cheveux à demi dénoués, mais plutôt relevés régulièrement, comme on le voit à la statue de Brescia ; probablement même ils étaient, selon l’usage, assujettis par plusieurs tours de la bandelette, sinon encore par cette pièce d’étoffe qui servait jadis à les contenir par derrière, et qu’on nommait une fronde. Enfin l’antique Vénus devait être chaussée de sandales. Figurée de la sorte, la Vénus du couple primitif n’offrait pas, comme la Vénus de Milo, une image ou un souvenir de la nouvelle épouse qui, au sortir du bain sacré, n’a pas encore repris ses vêtemens ni sa chaussure, et dont la chevelure flotte à demi sur ses épaules : elle offrait l’image de l’épouse divine parée de tous ses atours, enveloppée de tous ses voiles, ceinte aussi sans doute sur sa fine tunique de cette ceinture où Homère assure que se cachaient toutes les séductions.

Si l’on voulait restituer dans sa forme primitive la composition dans laquelle la Vénus de Milo a son origine, en prenant pour point d’appui le Mars Borghèse, il faudrait, en donnant à la Vénus qu’on lui associerait des dimensions un peu inférieures à celles de la Vénus de Milo, qui est plus grande que le Mars Borghèse, la vêtir du costume usité dans les monumens du siècle de Périclès. Si au contraire on voulait restituer la composition en prenant pour point d’appui la Vénus de Milo telle qu’elle est, il faudrait placer auprès d’elle un Mars qui reproduirait la statue de la collection Borghèse dans des dimensions un peu supérieures, avec des formes plus rapprochées de celles des productions du temps d’Alexandre que les formes même que présentent les répétitions plus ou moins complètes du même type, renfermées dans le musée du Vatican, dans celui du Capitole, dans celui de Dresde, dans le Campo Santo de Pise.

On pourrait sans inconvénient et avec quelque avantage essayer, en s’aidant des moulages, de telles restitutions ; mais loin de nous la pensée de songer à les opérer jamais sur les originaux, loin de nous surtout la pensée de restaurer, même avec du plâtre, les bras de la Vénus de Milo. Tout au contraire il semble que l’usage de restaurer les originaux antiques est un usage funeste auquel il faudrait désormais renoncer entièrement.