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plus importante qu’il s’agit de savoir s’il faut où il faut rétablir l’école de Strasbourg.

L’autonomie accordée au corps de santé militaire, l’affranchissement du joug de l’intendance, une assimilation plus complète aux grades de l’armée, une augmentation d’appointemens tous les cinq ans lorsque pendant cette période le défaut de vacances n’a point permis la promotion à un grade supérieur, retiendraient dans le corps beaucoup de médecins militaires. Cependant, malgré la probabilité du service obligatoire pour tous, on sera toujours forcée pour assurer le recrutement des médecins du service actif, de faire aux élèves sans fortune des avantages pécuniaires en échange d’un engagement limité de service.

Que l’élève entre dans la chirurgie militaire au début de ses études ou après les avoir terminées, il est indispensable qu’il reçoive dans une école spéciale un enseignement technique ; il faut donc un établissement d’instruction. Il y a d’ailleurs utilité pour la science médicale à ne pas laisser se stériliser les éléments si distingués que possède aujourd’hui le corps de santé militaire, et l’on trouvera, au grand avantage de tous, parmi nos collègues de l’armée des professeurs capables de constituer une nouvelle faculté à la fois civile et militaire. Paris, Lyon, ne sauraient convenir à une telle école ; ces villes renferment trop d’élémens de distraction et même de désordre. Lille, où existait jadis un des trois hôpitaux militaires d’instruction, Lille avec sa forte garnison, sa nombreuse population industrielle, son école secondaire de médecine, une des meilleures du pays, nous paraît destiné à devenir le siège d’une nouvelle école de médecine militaire.

Le recrutement du corps de santé militaire est déjà difficile en France dans l’état actuel des choses ; il le deviendra bien plus quand l’armée aura reçu sa nouvelle organisation, surtout lorsque, mise sur le pied de guerre, c’est-à-dire, augmentée de la réserves elle sera portée à 1 millions d’hommes. La Prusse a depuis longtemps étudié ce difficile problème ; c’est à elle que nous demanderons les moyens de le résoudre.

Obliger un jeune homme de vingt ans à quitter pendant trois ans les études par lesquelles il se prépare à l’exercice d’une profession libérale, c’est lui causer un immense préjudice et l’amener souvent à les abandonner pour toujours. Or, s’il est de l’intérêt de l’état d’avoir des médecins militaires, il ne lui importe pas moins d’assurer le service médical pour la population civile. La loi prussienne réduit à une année la durée du service obligatoire pour les jeunes gens qui présentent certaines conditions d’instruction universitaire, et leur donne une position particulière dans l’armée, où ils figurent sous le nom de volontaires d’un an. Suivons dans sa carrière un