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service ? En supposant l’éventualité d’une mobilisation de l’armée prussienne au 1er janvier 1868, le médecin-général Lœffler évaluait à 3,292 le chiffre des médecins militaires qui seraient indispensables pour le service de santé, même en ne tenant pas compte du personnel nécessaire au fonctionnement des hôpitaux de réserve ; mais au 1er janvier 1868 le cadre comprenait 971 médecins du service actif (avec les médecins volontaires d’un an), 256 de la réserve et 910 de la landwehr, en tout 2,137. Il y aurait donc eu un déficit de 1,155 médecins ; déficit qui pour divers motifs d’âge, d’infirmités, d’exemption légale, aurait pu atteindre le chiffre de 1,570. La commission d’enquête s’est occupée de cette grave question. Le moyen le plus simple eût semblé tout d’abord une réduction du nombre des médecins attachés aux corps de troupes ou aux hôpitaux de guerre, nombre relativement beaucoup plus considérable qu’il ne l’est en France ; mais la commission n’a pas été de cet avis, elle a proposé les mesures suivantes. Les médecins-généraux seraient chargés de faire pendant la paix des recherches sur la situation des médecins non soumis au service obligatoire et domiciliés dans la circonscription de leur armee-corps, — recherches devant porter sur les aptitudes de ces médecins, soit pour la chirurgie, soit pour la direction d’un hôpital. Lorsqu’une guerre paraîtrait probable ou prochaine, un appel serait adressé en temps utile par le ministère de la guerre aux médecins civils de la confédération du nord libres de tout service obligatoire, aux médecins civils et militaires des nations amies[1], les engageant à prendre du service dans les hôpitaux militaires et spécifiant les conditions de leur admission et de leur concours. Enfin, en cas de déficit considérable, le directeur des affaires médicales militaires pourrait admettre des médecins non encore diplômés et des élèves en médecine de quatrième année ; mais ceux-ci ne figureraient pas sur le théâtre de la guerre ; et devraient autant que possible être employés dans les hôpitaux et dans les troupes de l’intérieur.

Toutefois ce déficit dans le corps médical prussien n’existe qu’en raison du grand nombre de médecins attachés aux troupes en campagne ; aux 625,000 hommes de l’armée active, ou aux 955,000 hommes que compte cette armée avec la landwehr, correspondent 3,292 médecins, c’est-à-dire dans le premier cas 1 médecin pour 190 hommes, et dans le second ; 1 médecin sur 290 hommes. En France, 1,306 médecins correspondent, dans l’ancienne organisation, aux 393,000 hommes de l’état de paix, et aux 757,000 de la mise sur le pied de guerre. Nous aurions donc

  1. La Suisse, pendant la dernière guerre, avait envoyé 15 médecins dans les rangs de notre armée, et 15 dans ceux de l’armée prussienne, où ils servaient sous leur uniforme national.