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médecins militaires, que cette année de service ne pourra être faite par eux qu’après qu’ils auront obtenu le diplôme de docteur en médecine, mais d’ans tous les cas qu’elle devra être faite avant l’âge de vingt-sept ans, c’est-à-dire avant l’âge de leur passage dans la landwehr, et que chaque année de retard après l’âge légal de l’entrée au service sera reportée après l’époque où leur libération définitive aurait eu lieu, s’ils avaient servi à l’âge de vingt ans. De cette manière, l’état retrouve au complet son contingent médical, et le retrouve plus parfait et plus utile, puisque le médecin appelé au service militaire joint à des études complètes une plus longue expérience pratique.

Si cependant le nombre des médecins n’était pas encore suffisant, nous pensons qu’on pourrait aller plus loin et inscrire dans la loi cette clause : que les médecins, en cas de guerre et d’appel de la landwehr, pourront être appelés au service jusqu’à l’âge de quarante ans. Voici ce qui justifie cette exception, qui tout d’abord paraît constituer une injustice. L’état donne au médecin, après examens passés devant une faculté, un titre professionnel, — celui de docteur en médecine, — titre qui confère à celui qui le possède le droit légal à l’exercice de la médecine. L’obligation de servir jusqu’à quarante ans n’est-elle pas une charge que l’état peut inscrire dans le contrat passé entre lui et le futur docteur ? De plus, si le service médical militaire impose des fatigues et des dangers, si même les fatigues que supporte le médecin sont plus grandes, les dangers qu’il court sont évidemment, sauf le cas d’épidémie, bien moins grands que ceux auxquels le combattant est exposé ; la qualité de père de famille, qui peut en général être invoquée après trente-deux ans, ne saurait donc être un argument invincible opposé par le médecin, d’autant plus qu’en raison de son âge et de ses occupations médicales ordinaires, le médecin de trente-cinq à quarante ans peut être et sera beaucoup plus utilement employé dans les hôpitaux que sur le champ de bataille. Ajoutons encore que, si pour le soldat l’aptitude à faire campagne diminue avec l’âge, pour le médecin avec l’âge vient l’expérience qui fortifie les connaissances acquises, de telle sorte que l’aptitude au service s’accroît au lieu de diminuer.

L’expérience montre que les médecins civils n’ayant jamais appartenu à l’armée sont peu aptes à un bon service en temps de guerre, car ils manquent de deux qualités essentielles : la connaissance du soldat et la discipline. Nous voudrions donc que, pour les jeunes soldats étudians en médecine, on réduisît le temps du service obligatoire à un an, avec faculté en temps de paix de reculer leur incorporation jusqu’à l’âge de vingt-trois ans, et même avec autorisation spéciale jusqu’à l’âge de vingt-sept ans, mais à la