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condition qu’ils auront passé leur thèse de docteur avant leur entrée au service. Pendant six mois, les jeunes docteurs seraient attachés à un des hôpitaux militaires des villes de grande garnison désignés à cet effet, et dans desquels un chirurgien-major serait chargé de les instruire théoriquement et pratiquement dans tout ce qui constitue spécialement le service de santé militaire. Ils feraient les six autres mois de service dans un corps de troupes en qualité de stagiaires. Passé ce temps, le médecin, libre de tout service en temps de paix, entrerait dans la réserve avec l’obligation de servir en temps de guerre, même après l’âge de 32 ans, suivant les conditions que nous avons indiquées.


III

Le service de santé en temps de paix comprend le service des corps de troupes et celui des hôpitaux ; ces deux services sont en France absolument séparés, et le personnel se divise en deux classes distinctes, les médecins de régiment et ceux des hôpitaux. Un médecin-major ou aide-major attaché à un régiment ne peut en général être promu au choix à un grade supérieur sans avoir subi les concours ou les examens qui lui méritent l’entrée dans le corps médical des hôpitaux, ni par conséquent sans avoir passé par le service hospitalier. La séparation des médecins militaires en deux ordres n’en est pas moins inutile et dangereuse. Le médecin de régiment fait chaque jour la visite des hommes qui se présentent à l’infirmerie ; il y garde ceux qui n’ont qu’une légère indisposition, et il envoie à l’hôpital ceux qui lui paraissent réellement malades, mais il ne les y soigneras, puisque le service de l’hôpital n’est pas dans ses attributions. Or, lorsque pendant plusieurs années un médecin n’a pour ainsi dire pas traité un seul malade, on peut être sûr que ses connaissances médicales ont été en s’affaiblissant. Qu’une guerre survienne, et l’on pourra être forcé par la nécessité de donner à ce médecin un service d’hôpital qu’on ne croyait pas devoir lui confier en temps de paix. Ajoutons que, lorsqu’on a soin d’établir officiellement que le médecin de régiment est dans un état d’infériorité scientifique par rapport à ses collègues des hôpitaux, on risque de voir, même à tort, s’infiltrer peu à peu cette idée, que, si le médecin du régiment n’est pas autorisé à soigner les soldats réellement malades, c’est qu’il manque pour cela des capacités et de l’expérience nécessaires. C’est en faisant du médecin de régiment le véritable médecin de ses soldats qu’on fera disparaître les inconvéniens graves de l’organisation actuelle.

En Prusse, les médecins d’un régiment soignent eux-mêmes leurs : soldats malades à l’hôpital où ils les ont fait transporter. Cette