Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 96.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blessé jusqu’au lieu où il recevra des soins définitifs. Les ambulances de première ligne ont pour caractère principal d’être mobiles et de se déplacer suivant les vicissitudes de la bataille. Plus en arrière, à quelques kilomètres du lieu du combat, sont établis des hôpitaux temporaires où le soldat devra recevoir une installation passagère. Ces ambulances, ces hôpitaux provisoires, seraient bientôt encombrés, si l’on n’organisait dans les villes rapprochées du théâtre de la lutte des établissemens fixes sur lesquels on puisse évacuer la plupart des blessés. Parfois même, si la guerre se prolonge ou si les pertes sont grandes, on transporte jusque dans les hôpitaux de la mère-patrie les convalescens incapables de reprendre du service pendant la campagne ou les blessés pouvant supporter sans danger un assez long voyage.

Le but que l’on poursuit, les difficultés à surmonter étant les mêmes pour toutes les armées, on conçoit qu’il y ait une sorte d’uniformité dans le plan général d’organisation ; mais, lorsqu’on entre dans le détail de la pratique, on rencontre de grandes différences dans la répartition et dans le fonctionnement des divers groupes qui constituent le service de santé en campagne. Nous prendrons comme point de départ de notre comparaison la chirurgie militaire française ; mais, comme il s’agit d’indiquer les réformes nécessaires, nous mettrons surtout en relief les défauts de notre organisation ; aussi ne devra-t-on pas s’étonner si les éloges sont rares et les critiques nombreuses.

Lorsqu’une bataille devient imminente, les médecins de régiment restés avec leur corps se placent autant que possible dans un endroit abrité pour donner les premiers soins à leurs soldats. L’ambulance divisionnaire s’installe plus en arrière dans une ferme, une maison isolée, où les chirurgiens pourront procéder aux pansemens les plus urgens ; enfin plus en arrière encore, le plus souvent dans un village, l’ambulance du quartier-général de chaque corps d’armée constitue une sorte d’hôpital temporaire où le blessé recevra des soins définitifs. « Place de secours, place de pansement, hôpital de champ de bataille, » telles sont les expressions employées, soit en France, soit à l’étranger, pour désigner les trois ordres d’établissemens du premier groupe. La question du transport des blessés du lieu où ils sont tombés jusqu’à la place de secours ou celle de pansement se présente tout d’abord. Beaucoup de soldats atteints de blessures légères ou même de blessures graves intéressant les membres inférieurs se rendent à pied jusqu’au lieu où se trouvent les médecins ; mais un grand nombre d’autres, incapables de marcher, doivent être relevés et portés jusqu’à l’ambulance. On ne saurait utiliser pour ce service les voitures que l’administration de la guerre met à la disposition du corps médical ; on ne pourrait en