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Une fois Nestorius condamné, l’occasion échappait, et il fallait ouvrir une accusation directe en hérésie à laquelle le président du faux concile d’Éphèse trouverait bien moyen de se soustraire. Tel parut aux Orientaux le but des manœuvres de Cyrille lorsqu’ils les examinèrent de près, et en cela ils ne se trompaient guère. Après Cyrille, Memnon eut son tour dans les dépositions de l’enquête. Il s’était fait l’instrument des violences du patriarche d’Alexandrie contre les évêques qui n’avaient pas voulu entrer dans sa faction. C’était lui qui animait contre eux la populace de sa ville épiscopale, lui qui les faisait arrêter au seuil de ses églises comme des païens, à tel point que le jour de la Pentecôte ils n’avaient pu assister aux saints mystères, à tel point encore qu’il ne leur avait pas été permis de visiter le tombeau du saint évangéliste Jean, « le sublime théologien, » ce que le premier chrétien venu pouvait faire sans permission. Dans l’énumération des crimes et des infamies dont cet évêque d’Éphèse était notoirement coupable, on n’oublia point la mauvaise administration de son église, les motifs qu’il avait donnés maintes fois aux magistrats et au peuple de solliciter son expulsion. « Ce serait, se disait-on dans le synode, rendre un grand service à la ville d’Éphèse de la débarrasser de cet indigne pasteur, et la ville d’Éphèse en serait reconnaissante. »

L’enquête terminée, le synode, qui s’intitulait comme l’assemblée de Sainte-Marie « le saint concile œcuménique siégeant à Éphèse, » arrêta ces trois points :

1° Cyrille serait déposé de l’archevêché d’Alexandrie, tant pour sa conduite dans Éphèse que pour ses anathématismes, qui renfermaient le venin des hérésies d’Apollinaire, d’Eunomius et des ariens ; il serait de plus frappé d’excommunication, non-seulement comme hérétique, mais comme hérésiarque, en ce qu’il avait entraîné beaucoup d’évêques dans son erreur, et qu’il les avait en outre détournés de leurs devoirs canoniques ;

2° Memnon serait déposé de l’exarchat d’Éphèse, tant pour les violences exercées par lui contre des évêques à propos du concile que pour sa détestable administration et sa tyrannie envers ses subordonnés ;

3° Les évêques qui s’étaient laissé induire à siéger dans l’assemblée illégitime seraient séparés de la communion, mais jusqu’à résipiscence, le pardon pouvant leur être accordé, s’ils venaient se joindre aux Orientaux pour aviser aux besoins de la foi et prononcer l’anathème contre les anathématismes de Cyrille.

Ces propositions furent adoptées d’une commune voix ; en conséquence le synode déclara les actes du faux concile rescindés, et la condamnation de Nestorius annulée comme rendue incompétemment par une assemblée qui n’avait pas le droit de juger. Nestorius