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faire que de le reconnaître, puisque ses décisions étaient déjà en pleine vigueur. Il l’approuva. Le concile d’Éphèse put prendre place dès lors dans les fastes de l’église universelle en qualité de troisième concile œcuménique, et ses doctrines figurèrent dans les lois de l’empire comme les seules orthodoxes, les autres exposant quiconque les professait aux pénalités civiles dues à l’hérésie. La question des anathématismes restait en dehors, et continua d’agiter les églises d’Orient ; pour le moment, le nestorianisme seul était frappé.

Pulchérie eut tout l’honneur de cette victoire, et personne ne se méprit sur la main qui avait tout conduit à Chalcédoine et fait aboutir les révoltes successives de l’empereur à cimenter sa défaite. Les évêques catholiques la félicitèrent à l’envi, et un concile déclarait en propres termes « qu’elle avait chassé Nestorius. » Un grand pape, Léon, successeur de Célestin, lui écrivait dans un style passablement flatteur que « Dieu, qui ne pouvait pas abandonner le mystère de sa miséricorde, avait eu égard aux soins et aux peines qu’elle avait pris pour que l’ennemi astucieux de la religion fût expulsé. Si l’impie Nestorius, ajoutait-il, n’a pu faire prévaloir sa doctrine, c’est qu’il n’a pu tromper cette fidèle observatrice de la vérité ; lui, si habile à faire boire aux simples le poison de ses perfides discours, s’est arrêté devant une humble servante du Christ. » Il n’existait jusqu’alors dans la chrétienté qu’une seule église construite sous l’invocation de la mère de Dieu, la basilique d’Éphèse, où un récit traditionnel plaçait son tombeau : on en construisit de tous côtés, soit en Occident, soit en Orient. Augusta ne fut pas la dernière à célébrer ainsi son triomphe.


VI

L’élargissement de Cyrille était une conséquence de l’approbation du concile d’Éphèse, puisqu’il était resté victorieux sur tous les points : Théodose ordonna donc sa mise en liberté ; mais déjà l’adroit Cyrille l’avait prévenu en s’échappant de prison, et, lorsqu’il arriva dans Alexandrie, le peuple le reçut avec de grandes démonstrations de joie. Memnon fut également rendu comme évêque aux Éphésiens avec sa cupidité et son insolente tyrannie. Nestorius cependant était enfermé dans son monastère d’Euprèpe, où il demeura quatre années. L’ancien archevêque avait cru y retrouver la vie paisible et studieuse de sa jeunesse ; mais il amenait avec lui deux hôtes ennemis de la paix : le regret de sa grandeur déchue et le désir de se justifier. Il publia quelques livres qui réveillèrent l’attention des catholiques, il fit des prédications éloquentes qui attirèrent à Euprèpe beaucoup de gens distingués d’Antioche ; en un