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à ne rien ménager et prêts, je ne dirai pas à toutes les critiques, mais à toutes les calomnies. Une année s’était à peine écoulée, que la présentation et plus tard la discussion d’un projet de loi sur la liste civile et sur le domaine privé offrirent aux oppositions de gauche et de droite, dans la presse et dans Les chambres, l’occasion de se livrer aux recherches les plus approfondies sur la donation du 7 août, de juger si elle avait régulièrement constitué la propriété dans les mains des princes donataires, et s’il n’y avait pas eu lésion des droits de l’état. La discussion dans la chambre des députés fut vive et prolongée. Beaucoup d’articles furent contestés, plusieurs furent rejetés ou amendés : pas un mot de critique sur la donation du 7 août, si ce n’est que le duc d’Orléans aurait pu s’en dispenser. Du reste les longues explications qui eurent lieu sur le domaine privé et sur l’apanage de la maison d’Orléans ne laissèrent aucune obscurité sur la nature toute patrimoniale et privée des propriétés de la famille d’Orléans. Ce domaine se composait uniquement : 1° des biens que le duc d’Orléans avait recueillis dans la succession de sa mère, et dont l’origine était toute patrimoniale; 2° des biens de la succession de son père qu’il avait rachetés à la barre des tribunaux; 3° enfin de quelques acquisitions partielles. Voici en quels termes M. Dupin s’exprimait à la chambre des députés en janvier 1832 sans s’attirer aucune interruption de la part de l’opposition, aucune contradiction de la part de ses orateurs.

« Au lieu de suivre un exemple trop général, donné par les grands seigneurs et les princes, qui renonçaient à leurs successions obérées et laissaient les créanciers se lamenter, le duc d’Orléans a accepté sous bénéfice d’inventaire pour éviter les saisies et se donner le temps de liquider la succession de son père. Les bois ont été mis en vente, il les a rachetés aux enchères; il a trouvé ainsi le moyen de payer complètement toutes les dettes de son père, quoiqu’il n’eût laissé que 10 millions d’actif... La succession maternelle est échue, elle était encore toute patrimoniale, toute foncière; des indemnités y étaient attachées. Ce qui en est provenu a été employé en entier par le prince, non compris les dépenses qu’il avait déjà faites pour l’accroissement du Palais-Royal. Il savait bien cependant qu’il construisait sur un terrain domanial, puisque le Palais-Royal était apanage. Au lieu d’exploiter le sol, de le ravager, comme l’ont fait certains princes apanagistes, il l’a orné de ces belles constructions qui sont une des merveilles du pays, un des monumens dont la nation peut s’enorgueillir. On peut tirer de tous les faits que je viens d’énumérer cette conséquence, que la branche d’Orléans, la dynastie aujourd’hui régnante, s’est identifiée avec la nation française au plus haut degré. Jamais prince, jamais dynastie n’a plus lié son sort et ses destinées au sol de la patrie que la mai-