progrès économique en soit même ralenti, une somme totale d’impôts annuels de toute nature qui approche de à milliards, charge fiscale qui écraserait les nations européennes les plus riches ? C’est parce que les Américains ont dépensé pour l’instruction publique cinq et six fois plus que les Européens, et que, même au moment où la guerre leur dévorait des milliards, ils doublaient et triplaient la dotation de leurs écoles. Qu’on ne l’oublie pas en effet, ce n’est point par la force des bras, mais par la puissance de l’esprit, que la richesse se crée. Avec des muscles aussi forts et des organes plus subtils, le sauvage produit vingt fois moins qu’un homme civilisé. Pourquoi ? parce que le second met en œuvre des agens mécaniques, physiques, chimiques, que la science lui fournit et dont le second n’a pas l’idée. Voici des données empruntées aux États-Unis qui prouvent d’une façon irréfutable le rapport de cause à effet qui existe entre la diffusion des lumières et la production de la richesse. M. John Eaton, surintendant de l’instruction au Tennessee, a dressé d’après les relevés officiels un tableau des divers états de l’Union indiquant pour chaque état la production par tête et le nombre d’illettrés par mille habitans. Je prends un certain nombre de ces états et j’en forme deux groupes ; le contraste est frappant.
Production annuelle par tête, non compris les bénéfices commerciaux | Illettrés par 1,000 âmes. | |
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Dollars. 56.91 | Caroline du sud | 594 |
— 55.72 | Alabama | 490 |
— 54.77 | Floride | 480 |
— 61.45 | Géorgie | 479 |
— 45.38 | Caroline du nord | 408 |
— 65.30 | Louisiane | 485 |
— 166.60 | Massachusetts | 38 |
— 149.60 | Californie | 53 |
— 120.82 | New-Jersey | 34 |
— 164.60 | Rhode-Island | 34 |
— 112.00 | New-York | 31 |
— 156.05 | Connecticut | 18 |
— 117.17 | New-Hampshire | 14 |
Les états de la Nouvelle-Angleterre, malgré la sévérité du climat et le peu de fertilité du sol, produisent donc par tête deux fois plus que les états du sud, dont la terre féconde donne en abondance les plus riches récoltes.
Les sommes énormes que les contribuables eux-mêmes votent