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petite digue pour y retenir la quantité d’eau nécessaire, et creuser avec grand soin de nombreuses rigoles pour la distribuer. Ces travaux, qui demandent beaucoup d’intelligence, sont exécutés par les habitans sous la direction des autorités communales.

La répartition des sawas se fait par famille, mais point partout d’après les mêmes règles. Dans certains villages ou dessas, les simples travailleurs qui n’ont point de bêtes de trait, les orangmenoempangs, sont exclus du partage. D’après les règles que le gouvernement hollandais s’efforce d’introduire, tous les chefs de famille doivent avoir leur part, afin que tous puissent fournir des prestations en nature et des journées de travail. La coutume générale semble avoir été que, pour obtenir une part, il fallait posséder un joug, c’est-à-dire une paire de buffles ou de bœufs. Une loi de 1859 décide que le partage doit se faire par le chef de la dessa, sous la surveillance des commissaires du district et des « résidens » ou préfets. Il se fait une sorte de roulement dans l’attribution des parts, de façon que chaque famille possède successivement tous les lots disponibles. Les chefs de la dessa sont élus pour le terme d’un an par les habitans qui ont droit à une part du sol ; leur élection est soumise à la ratification du résident. Ces chefs ou maires (loerah) sont ordinairement choisis parmi les habitans les plus aisés et les plus considérés ; l’âge est aussi un titre de préférence. Ils obtiennent presque partout une part de terre plus grande ou de meilleure qualité. Les anciens du village, kemitoeas, qui leur servent de conseil, jouissent du même privilège, ainsi que le secrétaire, djoeroetoeli, le prêtre, moedin, l’assistant, kabayan, et le surveillant des irrigations, kapala bandonyan.

Les sawas sont généralement bien cultivés, quoique les paysans soient obligés de mettre une partie de leur temps à la disposition du gouvernement pour les corvées seigneuriales, heerediensten, employées aux travaux publics, et pour les corvées de culture, kultuurdiensten, consacrées aux plantations de café et de sucre de l’état. Après le riz, le Javanais obtient encore une seconde récolte de produits d’une croissance rapide, tels que le tabac et surtout le maïs, qui est mûr deux mois après les semailles. Le produit brut d’un bouw, qui fait 71 ares, est estimé valoir pour les deux récoltes de 170 à 200 florins, soit de 357 à 420 francs[1]. C’est un

  1. La première rêcolte de riz, paddi, donne par bouw environ 40 picols de 62 kilog. 1/2, à 8 fr. environ le picol 320 fr.
    La seconde récolte du mais donné 10,000 épis à 6 fr. 50 c. le mille 65
    Total 385 fr.


    La culture d’un bouw de riz exige environ treize jours de travail ; celle du mais en seconde récolte vingt jours.