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barre tous les cours d’eau, et d’Ivondrou au village de Mananjary, sur une étendue d’environ 300 kilomètres, il encaisse une série de lacs. Dans la saison des pluies, le niveau des lacs s’élève, et l’eau qui déborde, s’écoulant par des dépressions de la zone littorale, ouvre aux fleuves des embouchures nouvelles, bientôt refermées par la mer. Des collines sans ordre et arrondies mouvementent la plaine ; ce sont les dunes que la végétation a fixées. Au-delà des lacs, les dépressions du sol forment de vastes marais couverts d’une brillante végétation. À 30 ou 40 kilomètres de la côte commence la région montagneuse. Des plissures parallèles ont façonné les gradins que traverse le sentier qui conduit à Tananarive. Au pied de la première chaîne de montagnes, à l’extrémité de la plaine sablonneuse, l’altitude, d’après des indications barométriques recueillies par le commandant Dupré, n’est que de 45 mètres au-dessus du niveau de la mer ; à Befourouna, elle est de 447 mètres. La région d’Analamazaotra est composée de chaînons serrés et parallèles ; au pied du pic basaltique, connu de tous les voyageurs, la hauteur est de 742 mètres ; au passage de la rivière Âlangourou, qui contourne à l’ouest la plaine d’Ankay, de 804 mètres, de 1397 au col des monts Angavo ; l’altitude de Tananarive serait d’environ l,345 mètres au-dessus du niveau de la mer.

La direction des chaînes parallèles qui constituent le système des montagnes s’écarte par l’orientation de 8 à 9 degrés de celle de l’axe de figure de l’île ; le relief de Madagascar résulte des efforts de plusieurs soulèvemens qui se sont produits sur cette terre à différentes époques. Le soulèvement de la partie centrale, parallèle aux montagnes de la côte orientale d’Afrique et à la direction du canal de Mozambique, qui a été le plus considérable, a joué le grand rôle dans l’orographie du pays. La masse soulevée est granitique ; par suite de la dislocation du système, les basaltes ont surgi en proportions énormes. La roche la plus abondante, surtout dans la région de l’Analamazaotra, est le basalte, après les quart4tes et les granits ; on a signalé en beaucoup d’endroits des couches sédimentaires d’argile, de grès, de calcaire, sans néanmoins fournir à ce sujet d’indications vraiment précises. Ainsi que l’ont remarqué les premiers qui explorèrent l’Aokova, sous l’influence des agens atmosphériques, les basaltes, venant à se désagréger, forment les terres argileuses de couleur rougeâtre qui donnent une physionomie particulière à certaines régions. Les quartz subissent une décomposition analogue ; de là les sables sans cesse charriés par les fleuves au moment des grandes crues et rejetés par la mer sur le rivage. Sur le littoral, la présence de fragmens de basalte semble l’indice d’un mouvement du soi. D’après l’orientation, on juge que l’île Sainte-Marie est un chaînon du même système. Gom.me dans le centre.