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lution française, les idées françaises sont des hâbleries parisiennes que le pur germanisme doit rejeter au même titre que ces modes françaises dont on a trop longtemps subi l’empire. On ne veut plus de nos chiffons d’aucune sorte. Ce dédain subit pour les choses françaises étonne bien un peu ceux qui savent tout ce qu’il y a de matériaux français dans la civilisation allemande. Sans remonter trop loin dans le passé, peut-on oublier que Berlin doit sa fortune à l’immigration des protestans français, et que le point de départ des progrès scientifiques et philosophiques de la Prusse, c’est la domination de l’esprit français à la cour de Frédéric II? La révolution et l’empire ont fait plus : l’Allemagne occidentale tout entière est devenue, par nos victoires et par nos exemples, une sorte de Germanie française. La rive gauche du Rhin a fait partie intégrante de notre territoire pendant vingt ans. Sur la rive droite, dans les cours et les capitales de la confédération du Rhin, à Carlsruhe, à Stuttgart, à Munich, à Darmstadt, on voyait dans la France l’amie et l’alliée, dans la Prusse et l’Autriche l’étranger et l’ennemi. C’est sous nos drapeaux, sous les ordres de nos généraux que se sont formées les armées badoise, bavaroise, hessoise, wurtembergeoise, thuringienne, saxonne. Partout on ne parlait que la langue française, on ne lisait que les livres français, on n’imitait que les administrateurs et les militaires français. C’était le code Napoléon qui, du Rhin à l’Elbe, détrônait les vieilles lois souabes, boïavares ou saxonnes. Cependant Napoléon voulut donner de plus parfaits « modèles » de réorganisation et d’administration française à nos imitateurs d’outre-Rhin. Sur la rive droite du grand fleuve, au cœur même de l’Allemagne, il créa de toutes pièces trois états franco-allemands, de grandeur inégale, mais également fondés sur les lois et les principes qui régissaient la France. Alors s’élevèrent successivement le grand-duché de Berg en 1806, le royaume de Westphalie en 1807, le grand-duché de Francfort ou état du prince-primat en 1810. Le grand-duché de Francfort, comme l’électeur--