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LES
FORMES PRIMITIVES
DE LA PROPRIETE

III.[1]
LES COMMUNAUTÉS DE FAMILLES ET LE BAIL HÉRÉDITAIRE.

I. Village communities in the east and west, by Henry Sumner Maine, 1871. — II. Ancient law, its connection with the early history of Society, by the same author, 5e édit, 1870.

À mesure que progresse ce que nous avons coutume d’appeler la civilisation, les sentimens et les liens de la famille s’affaiblissent et exercent moins d’empire sur les actions des hommes. Ce fait est si général qu’on peut y voir une loi du développement des sociétés. Comparez la constitution de la famille chez les Romains dans l’antiquité ou chez les classes rurales de la Russie, encore engagées dans la période patriarcale, à celle qu’on rencontre chez les Anglo-Saxons des États-Unis, qui ont poussé à l’extrême le principe moderne de l’individualisme : quelle différence ! En Russie comme à Rome, le père de famille, le patriarche exerce sur tous les siens une autorité despotique. Il règle l’ordre des travaux et en répartit les fruits ; il marie ses filles et ses fils sans égard pour leurs inclinations ; il est l’arbitre de leur sort et comme leur souverain. Aux États-Unis au contraire, l’autorité paternelle est presque nulle. Les jeunes gens de quatorze et quinze ans choisissent eux-mêmes leur carrière et agissent d’une façon complètement indépendante. Les jeunes

  1. Voyez la Revue du 1er  juillet et du 1er  août.