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ciennes. On ne sait rien de précis à ce sujet ; l’étude attentive des races permettra peut-être un jour de remonter à la provenance ; — que le résultat soit atteint, une nouvelle source d’information sur l’origine des peuples de la grande île africaine aura été découverte. Les bœufs sont en abondance à Madagascar ; tous les voyageurs parlent de la beauté des troupeaux qu’on voit dans certaines contrées. Il y a aussi des bœufs sauvages qui s’accommodent parfaitement de la liberté ; mais on n’en saurait douter, les bandes errantes se sont formées d’individus échappés à la domesticité. Le bœuf de Madagascar se distingue par la présence d’une bosse ou plutôt d’une loupe graisseuse sur le dos ; on le reconnaît pour être le zébu, qui est très répandu dans les parties méridionales de l’Asie. Les moutons se font remarquer par le volume de la queue, qui est chargée d’une masse de graisse ; c’est une particularité ordinaire chez les moutons d’Afrique. Les chèvres sont très communes dans le pays, des sangliers revenus à la vie sauvage après avoir été les hôtes d’une bauge habitent les bois et ravagent les plantations. Les premiers Européens qui ont visité la Grande-Terre ont trouvé le chien chez les Malgaches ; « il y a quantité de chiens, » dit Flacourt, tous de petite taille, ils ont le museau effilé, les oreilles courtes, le poil d’un renard ; — personne encore ne s’est occupé de cette race pour la comparer aux races connues des autres pays.

Lorsque sur une île on observe les mammifères, on est bien assuré que ces animaux ne sont pas venus de terres éloignées, s’ils n’ont pas été amenés par les hommes, très certain aussi qu’en aucun cas ils n’ont émigré. Pour les oiseaux, c’est tout différent, du moins pour les espèces voyageuses, qui franchissent presque sans peine d’immenses espaces. À côté des oiseaux demeurant toujours attachés au pays natal, on ne sera donc point étonné de voir en grand nombre des espèces qui volontiers traversent les mers et bâtissent leurs nids sur une foule d’îles et sur plusieurs continens. Mouettes, hirondelles de mer, pétrels, frégates, paille-en-queue, fous, albatros, visitent continuellement la Grande-Terre, les uns, coureurs ordinaires de la Mer du Sud, les autres, amis plus ou moins fidèles des rivages de l’Afrique ou de l’Europe. En effet, l’hirondelle de mer, découverte sur la Caspienne par le célèbre zoologiste Pallas, souvent observée en Europe, et l’espèce de la Mer-Rouge, se montrent à Madagascar en même temps qu’une espèce de l’Océanie[1], que le drome de l’Océan indien, reconnaissable à son grand

  1. Sterna caspia, S. velox, S. candida. Les oiseaux de Madagascar ont été plus étudiés que beaucoup d’autres animaux du même pays. Outre les observations de Sganzin, Mémoires de la Société de Strasbourg, t. III, et des mémoires particuliers, un tableau, très complet jusqu’à ces dernières années, a été publié par Hartlaub, Ornithologischer Beitrag zur fauna Madagascar’ s, Bremen 1861.