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le directeur des télégraphes suisses, qui en est le chef, le bureau ne comprend qu’un secrétaire, un commis et un copiste. Ses dépenses se sont élevées en 1869 à 28,985 fr., en 1870 à 22,506 fr., et en 1871 à 32,085 francs. Les chiffres de 1872 ne seront pas supérieurs. Tel est l’humble budget à l’aide duquel s’obtient un résultat hors de proportion avec de pareils chiffres.

À ces rapides indications se borne tout ce que nous avons à dire du bureau international. En raison même de la sagesse de son attitude, il n’a point d’histoire. Pendant les trois années qui s’écoulent du commencement de 1869 à la fin de 1871, nous ne voyons qu’un épisode qui doive être mentionné : c’est celui qui se rapporte au conflit d’intérêts né entre divers états et compagnies privées au sujet du tarif des dépêches pour l’Inde et pour l’extrême Orient. Pendant plusieurs mois, le bureau international, mis en présence de prétentions rivales, s’efforça de concilier les intérêts divergens. Comme il n’y arrivait point et que des compagnies puissantes continuaient à imposer leur volonté, l’office austro-hongrois provoqua la réunion d’une commission spéciale, suivant les termes de la convention de Vienne. Cette commission se réunit à Berne au mois de septembre 1871; mais avant de nous attacher à cet épisode il convient d’étudier ces élémens, ces personnages nouveaux qui entrent en scène, et qui rendent nécessaire la réunion de Berne.

Jusqu’ici notre attention ne s’est guère portée que sur les administrations officielles des différens pays. C’est que dans tous les états de l’Europe, l’Angleterre exceptée, l’établissement du réseau des télégraphes a été l’objet d’un monopole. Les gouvernemens seuls ont établi les lignes et les exploitent; entre eux seuls, des accords sont intervenus pour fixer les règles de cette exploitation. Çà et là nous aurions bien pu signaler quelques efforts dus à l’initiative privée; mais, jusqu’à la période qui s’étend des années 1865 à 1870, ces travaux isolés restent effacés par l’action commune des gouvernemens. L’état des choses se modifie à l’époque que nous venons d’indiquer. De grandes compagnies formées pour l’exploitation de lignes sous-marines obtiennent d’éclatans succès, joignent l’Europe à l’Amérique, aux Indes, à l’Australie, au Japon. Les compagnies qui ont établi ces voies nouvelles ont acquis par là une importance considérable, et se présentent dès lors comme des puissances avec lesquelles les gouvernemens ont à traiter. Comme d’ailleurs elles ont grandi à l’écart, qu’elles n’ont subi que dans une faible mesure l’action de l’union européenne, elles apportent des élémens, des principes nouveaux dont le syndicat télégraphique se montre quelque peu étonné, mais dont il faut qu’il tienne compte.

Les compagnies ont établi leurs règles d’exploitation en ne se