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verselle. Leur participation au pouvoir pontifical avait son origine et sa garantie dans l’élection elle-même ; mais depuis que le christianisme avait étendu ses conquêtes et que les affaires s’étaient multipliées ou compliquées, cette manière de les gouverner avait créé des embarras. Déjà plusieurs des prédécesseurs de Sixte-Quint, avant de saisir le consistoire, avaient employé des commissions ou congrégations pour instruire certaines questions et en préparer la solution ; ces délégations restreintes et transitoires n’entraient pas toutefois dans les rouages habituels et réguliers du gouvernement de l’église. Paul III établit la première congrégation permanente, celle du saint-office, dont l’institution avait été provoquée par les troubles de la réforme. Grégoire XIII eut recours à d’autres commissions de ce genre ; cependant le poids immense du gouvernement porta toujours sur le consistoire, dont l’autorité plus d’une fois s’imposa au chef de l’église. Sixte-Quint introduisit sur ce point un grand changement dans l’administration ; il institua les congrégations, qui se partagent encore aujourd’hui l’instruction des affaires de la chrétienté, et il réduisit à des questions limitées la compétence directe des assemblées du sacré-collège ou du consistoire. Par cette préparation constitutionnelle des décisions de la papauté dans les diverses congrégations compétentes, Sixte-Quint a été accusé d’avoir voulu diminuer l’influence et l’action du collège des cardinaux au profit de bureaux ou commissions placés sous sa main, et d’avoir ainsi brisé l’opposition qu’il rencontrait souvent dans l’assemblée du consistoire. Il a fondé le pouvoir absolu du pape dans la direction des affaires politiques. M. de Hübner entre à cet égard en des détails fort curieux où nous regrettons de ne pouvoir le suivre, comme serait notre goût. La grande question française de la ligue, et des relations malheureuses de la papauté avec elle rappelle et concentre ailleurs notre attention.

Il est une observation dont la vérité n’échappe à quiconque s’est appliqué dans le cabinet à l’étude de l’histoire, ou dans la vie publique à la pratique des affaires : c’est qu’une opinion politique ou religieuse, si respectable qu’elle soit en principe, aussitôt qu’elle s’organise en parti, subit une transformation qui l’altère. Elle traverse les régions sereines de l’esprit et de la conscience pour s’abandonner aux mouvemens de la passion, et, se constituant en société entreprenante d’action ou de défense, elle échange sa liberté première pour le joug de la volonté collective ; elle abdique la disposition d’elle-même pour passer dans le domaine du parti, et si le parti, comme c’est l’ordinaire, est dominé par des ambitieux qui n’y cherchent qu’une force à l’appui de leurs desseins, les adeptes sont livrés à tous les dangers des soumissions aveugles ou des entraînemens passionnés. Les partis emploient le plus souvent au