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les prescriptions réglementaires. Rien ne serait plus aisé, puisqu’il n’y a sur la Caspienne que des bâtimens russes. D’autre part, les observations de M. Proust venaient d’autant plus à propos que les locaux quarantenaires, construits à une autre époque contre la peste, sont en voie de transformation. M. Proust a entretenu de ces intérêts si importans plusieurs hauts fonctionnaires russes; il a développé ses idées à ce sujet devant la Société de médecine de Tiflis, et il est revenu avec la conviction que, si l’on applique exactement, comme il l’espère, les mesures qu’il a indiquées, sur le littoral de la mer Caspienne, toute importation nouvelle de la Perse en Russie deviendra très difficile; mais ceci est le secret de l’avenir.

Transportons-nous maintenant aux limites de la Perse et de la Turquie d’Asie. Sur toute l’étendue de la frontière turco-persane, depuis le mont Ararat jusqu’au Golfe-Persique, l’intendance ottomane entretient des postes d’observation qu’elle transforme au besoin en quarantaines. Or ces postes, dispendieux pour le trésor, vexatoires pour les populations, surtout pour celles de Perse, ont été jusqu’ici complètement impuissans à préserver le territoire ottoman de l’invasion du choléra. Cela tient à ce qu’il y a sur cette frontière un grand nombre de tribus nomades, — Kurdes, Bacthiares et autres, — qui l’été mènent paître leurs troupeaux sur les hauts plateaux de la Perse, et l’hiver descendent vers les plaines de l’Asie-Mineure. Il se produit ainsi sur cette ligne un mouvement continuel de migration qu’il est impossible de soumettre aux règlemens quarantenaires. M. Tholozan pense avec raison que de ce côté les mesures recommandées par la conférence internationale ne seraient pas applicables.

Un système de quarantaine plus utile est celui qui a empêché la propagation en Égypte de l’épidémie qui en 1871 sévissait dans l’Hedjaz, sur le littoral ouest de la Mer-Rouge. Une partie de ce pays, celle où se trouvent Médine et La Mecque, était ravagée par le choléra vers la fin de 1871. En présence du danger qui menaçait l’Égypte au moment du retour des pèlerins, l’administration sanitaire égyptienne décida d’abord qu’au besoin toute communication maritime serait interrompue entre l’Hedjaz et l’Égypte; mais, ne trouvant pas le péril imminent, elle modifia plus tard cette décision, et prescrivit que tous les pèlerins revenant de La Mecque par l’Égypte iraient d’abord faire quarantaine à El-Wedj, petit port de la côte arabique, situé à 350 milles de Suez, après quoi ils pourraient traverser l’isthme par le canal, sans passer en Égypte, ou bien subir une nouvelle observation dans un campement installé à cet effet aux sources de Moïse. Un lazaret sous tentes fut donc organisé à El-Wedj sous la direction de deux médecins. Une commission spéciale fut placée à Suez pour inspecter tous les arri-