Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 101.djvu/951

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des troupes françaises, était pourtant supérieure à celle des autres troupes allemandes. « La solde de l’infanterie hessoise et prussienne, écrivait Jérôme à Napoléon, était trop faible; le soldat était obligé de vivre chez l’habitant, qu’il ruinait, et chez lequel il perdait son esprit militaire en détruisant l’esprit public. Par cette mesure vexatoire, citoyens et soldats, tous étaient mécontens. »

Un décret du 2 avril était ainsi conçu :


« Considérant que l’honneur est le premier mobile du soldat, et qu’il importe de bannir à jamais, dans les punitions des fautes de discipline, celles qui, en rappelant les souvenirs de la féodalité, tendraient à avilir la dignité de l’homme ;

« Sur le rapport de notre ministre de la guerre :

« Art. 1er. Les coups de bâton seul expressément défendus dans notre armée. »


Ainsi se réalisa, par les soins de Jérôme, la promesse que Custine, général de la république, avait faite autrefois aux soldats de Guillaume IX. L’armée Westphalienne fut alors la seule armée allemande et, à part l’armée française, la seule armée monarchique où le soldat ne fût pas fouetté ou bâtonné. Cette mesure du roi Jérôme eut à ce moment un grand retentissement en Allemagne. Peu de temps après, Scharnhorst en Prusse, l’archiduc Charles en Autriche, apportèrent des restrictions momentanées à l’usage des verges et du bâton.

Enfin le 1er juillet 1808 l’armée westphalienne se trouva ainsi constituée : cinq régimens d’infanterie de ligne, un bataillon d’infanterie légère, quatre compagnies d’artillerie, un régiment de cuirassiers, un régiment de chevau-légers, ce qui, avec les 1,800 hommes de la garde, formait un total d’environ 10,000 hommes. Le roi les passa en revue, ayant la reine à ses côtés, leur remit les drapeaux, blanc et bleu, les exhortant à la bravoure et à la fidélité. Officiers et soldats accueillirent son allocution par des vivat presque enthousiastes.

Ces régimens se recrutèrent avec la plus grande facilité, non-seulement par la conscription, mais aussi par les enrôlemens. Le roi avait cru devoir publier un décret de rappel pour tous les militaires westphaliens au service étranger; mais il n’avait aucun intérêt à faire exécuter son décret à la rigueur, les hommes ne lui manquaient pas. Aussi un très petit nombre seulement de réfractaires eurent leurs biens placés sous le séquestre. Soldats et officiers des anciennes armées hessoise ou brunswickoise répondirent avec le plus grand zèle à l’appel du roi : tous se morfondaient dans leurs foyers, quelques-uns périssaient de misère. La Prusse avait été