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politique, il ne faut pas l’oublier, n’a rien de commun avec l’archéologie. Le jacobinisme et la terreur, dont on évoque si imprudemment l’image, sont des choses du passé, comme l’ancien régime ; ils se sont pas moins odieux que l’ancien régime lui-même à l’immense majorité du pays. S’il est des hommes que ces exemples séduisent, en dehors des lettrés et des historiens qui les vantent, c’est surtout, il faut bien le dire, par les côtés bas de la nature humaine, par les appétits, par les convoitises, par les féroces passions qu’ils encouragent, et qui ont été dans tous les temps les pires ennemis de la liberté.

C’est là ce que, dans le langage du jour, on appelle la queue de la république, et ce qui éloigne d’elle tant de bons citoyens disposés d’ailleurs à la soutenir. Les patriotiques, mais inutiles fureurs du dictateur de la défense nationale, les atrocités et les impiétés de la commune, ont augmenté, encore cette défiance, qu’il fallait s’efforcer de calmer. Le parti républicain, ayant toujours été un parti révolutionnaire, traîne forcément derrière lui une arrière-garde suspecte. Il faut qu’il s’en dégage à tout prix, et il ne pourra s’en dégager qu’en cherchant un appui dans les opinions modérées. S’il veut fonder une république régulière et légale, il ne faut pas qu’il reste un parti fermé, tel qu’il est sorti des mains de l’empire ; il faut qu’il donne lui-même aux autres partis récalcitrans l’exemple de l’oubli et de l’abdication, du passé ; il faut enfin qu’au lieu de s’appeler radicale, en faisant sonner bien haut cette vaine épithète, la république se contente d’un titre plus modeste, plus conforme à sa mission réparatrice et aux besoins présens de la France, — que, sans renoncer à aucune des réformes pressantes que le pays attend d’elle, elle ne perde pas de vue que son premier devoir est d’offrir un point de ralliement à tous les honnêtes gens fatigués de nos divisions, désireux d’y mettre un terme et résolus à ne plus consulter désormais que l’intérêt national.

Dans cette énumération des anciens partis, de leurs forces et die leurs chances, nous avons négligé le bonapartisme, parce qu’à proprement parler le bonapartisme, pas plus que la commune, ne saurait être appelé un parti. Ces deux frères jumeaux de la démagogie sont justement l’ennemi contre lequel la république modérée doit rallier toutes les forces de la France. On ne peut voir en eux que des pirates qui guettent l’occasion de fondre sur elle et d’achever sa ruine. Les uns osent se dire les défenseurs de l’ordre, les autres les champions de la liberté ; au fond, ce sont les mêmes convoitises qui les animent. Les bonapartistes se sont chargés de nous donner leur mesure le jour où un de leurs journaux, publié en exil, déclarait aux soldats de la commune qu’il était avec « l’héroïque