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ne veut pas toucher à cet enseignement classique, il s’en défend avec vivacité, bien au contraire il voudrait le relever, et il condamne cet étrange système qui s’est appelé un jour du nom barbare de bifurcation. Il s’agit de savoir si les mesures qu’il propose n’iront pas malgré lui au même but, si elles n’exposeront pas les études au même danger. Sans doute M. le ministre de l’instruction publique prétend se borner à simplifier, à supprimer des exercices inutiles ou fastidieux, à dégager l’enseignement des broussailles qui l’encombrent, et il ne voit pas que ces exercices qu’il croit inutiles sont une gymnastique pour l’esprit de l’enfant. C’est dur, c’est rebutant quelquefois, mais cela fait entrer dans de jeunes intelligences des notions et des idées qui n’en sortent plus. On croit avoir perdu le temps, il n’en est rien ; l’esprit s’est formé peu à peu, l’enfant est devenu un jeune homme dont l’intelligence est désormais préparée à un travail supérieur. Qu’il y ait des routines surannées, des méthodes vieillies, c’est possible ; on peut les réformer avec prudence sans toucher au fond de cet enseignement classique qu’il faudrait bien plutôt fortifier et remettre en honneur par tous les moyens. Si les mesures que propose M. Jules Simon, et qui n’ont point eu d’ailleurs jusqu’ici la sanction du conseil supérieur de l’instruction publique, si ces mesures, contre l’intention du ministre, devaient avoir pour résultat indirect d’affaiblir encore l’enseignement classique, cet affaissement ne profiterait ni à l’étude des langues vivantes, ni à l’étude de la langue française elle-même ; il conduirait à un demi-savoir qui ne serait qu’un déguisement de l’ignorance, et voilà pourquoi il faut y regarder à deux fois avant d’aller plus loin. On veut à juste titre relever la France, ce ne serait pas le moment de compromettre pour l’avenir cet ascendant intellectuel qu’elle a exercé avec tant d’éclat et qu’elle peut, qu’elle doit retrouver encore.

CH. DE MAZADE.


ESSAIS ET NOTICES.

LES ÉCOLES DE COMMERCE AUX ÉTATS-UNIS.

Dans une étude sur les Écoles de commerce en France et à l’étranger publiée dans la Revue du 1er avril dernier, l’auteur s’étend sur les institutions de ce genre qui existent aux États-Unis. Appartenant depuis plusieurs années à la principale école commerciale des États-Unis, qui est le Packard’s Business College, je crois qu’il ne sera pas sans intérêt de donner quelques détails sur l’état de ces écoles en Amérique.