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rapportant plus de 6 pour 100, il n’était pas facile de croire qu’on fît de nombreux dépôts à échéance de un ou deux ans dans les sociétés de crédit, alors qu’elles ne peuvent offrir plus de 5 pour 100 d’intérêt.

Il n’est guère possible d’indiquer le total des dépôts d’argent faits dans tous les établissemens créés en France ; les exemples qui précèdent permettront au moins d’en apprécier l’augmentation progressive. De même qu’il ne suffirait pas, pour évaluer l’importance des affaires commerciales contractées dans un an, de connaître le mouvement du portefeuille de toutes les banques qui escomptent du papier de commerce, à commencer par la Banque de France et le Comptoir d’escompte, puisque toutes les opérations faites par l’intermédiaire des banquiers, ou directement d’acheteur à vendeur, échapperaient à la récapitulation, de même la relevé des comptes de chèques et de dépôts des sociétés de crédit[1] ne pourrait donner qu’une idée imparfaite de l’accumulation du capital et de la formation des réserves d’où dépend la prospérité du pays. Toutefois, comme l’usage des chèques entraîne plusieurs conséquences excellentes, d’abord la sécurité pour l’encaisse du numéraire nécessaire aux paiemens, ensuite l’augmentation des réserves encouragée par la perception d’un intérêt, enfin la direction de l’emploi de ces réserves, il importe, en suivant les progrès de notre éducation pratique en cette matière, de les comparer avec ce qui se passe en d’autres pays.


II

L’Angleterre est de tous les pays celui où les institutions de crédit sont les plus anciennes, les plus florissantes et les plus nombreuses. En dehors de la Banque d’Angleterre, dont les billets n’ont pas cours forcé en Écosse et en Irlande, un certain nombre de banques dans chacun des trois royaumes peuvent émettre du papier-monnaie. Seulement, depuis l’acte de 1845, dû à sir Robert Peel et intervenu après une crise effroyable, les banques provinciales alors existantes en Angleterre et en Irlande ou en Écosse, outre les banques royales, quelques établissemens particuliers purent seuls continuer à jouir du privilège d’émission, mais dans des limites établies suivant la circulation moyenne de l’année 1844-45, avec

  1. Le compte des dépôts faits à la Banque de France ne peut être invoqué au point de vue de ce travail comme un renseignement à consulter : il ne représente en général que des ressources de trésorerie pour faire face à des paiemens journaliers de la part des particuliers ou sociétés qui ont un compte-courant ouvert à la Banque, lequel ne rapporte aucun intérêt aux déposans. La Banque joue à cet égard le rôle de caissier, destiné à faciliter la liquidation des transactions, mais sans encourager à l’épargne, à la production du capital, objet essentiel des sociétés de crédit.