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Turquie. Elle a fondé une société dont l’objet est d’établir des écoles, de publier des livres d’éducation, soit en traduisant des manuels consacrés par l’usage en Allemagne et en France, soit en en composant de nouveaux. Cette société, qui prend le nom de Syllogos pour le progrès des lettres grecques, a ouvert un concours sur des questions de philologie et sur les méthodes d’éducation qu’il serait le plus convenable d’appliquer dans le pays. Les Grecs de tout l’Orient ont contribué, à former les fonds nécessaires pour cette œuvre. En trois années, de 1868 à 1871, elle avait reçu 190,000 drachmes, créé seize écoles en Turquie, dépensé 17,000 dr. pour imprimer et distribuer des livres élémentaires. La tâche qu’elle entreprend avait du reste été comprise et commencée, bien que dans des conditions un peu différentes, par le Syllogos philologique de Constantinople, qui a publié d’importans comptes-rendus et provoqué par ses concours de bons travaux sur les questions nationales. Depuis trois ans, nombre de villes dans l’empire ottoman fondent des associations semblables. Il est à prévoir que la science ne doit pas toujours attendre grand profit de ces académies naissantes, que beaucoup d’entre elles n’auront pas le succès assuré à celle d’Athènes ; mais il y a là un signe d’activité, une marque de bon vouloir qui ne sauraient nous laisser indifférens. La confraternité de toutes les parties de la race est mise en lumière par ces institutions qui se ressemblent toutes ; on voit là une preuve nouvelle de l’intérêt que les Grecs portent à l’instruction. Nous avons du reste à Paris la société des études grecques, qui prouve par la liste de ses membres, où figurent des Hellènes de tous les pays, la libéralité avec laquelle cette race s’associe à toute œuvre qui peut servir à la culture nationale. M. Zographos, le patriote même qui a fondé au fond de l’Épire, dans le village perdu où est née sa famille, une école richement dotée, a créé un prix qui est donné chaque année en France au travail le plus utile à l’avancement des études grecques.

Le Syllogos d’Athènes a été reconnu récemment, par ordonnance royale, institution d’utilité publique. Une circulaire du 22 mai 1871, adressée par M. Koumondouros aux consuls grecs en Turquie, leur ordonne de seconder les efforts de la société. Cette lettre officielle établit que toute propagande politique est contraire au but de l’institution ; mais elle marque clairement que le représentant de la Grèce dans une ville turque doit intervenir dans l’administration de la communauté chrétienne soumise à la Porte, lui faire connaître les programmes scolaires, offrir les fonds indispensables à la création d’écoles nouvelles, aider au recrutement des maîtres. Les agens du gouvernement d’Athènes adresseront des rapports suivis à leur supérieur hiérarchique ; ils auront soin de recueillir les antiquités, de surveiller les fouilles, de protéger les monumens. Le ministre ne