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ment accueilli. Le président constate la victoire remportée par l’opinion publique, et se félicite de ce que la légalité, menacée par les attentats de l’arbitraire et de la violence, ait fini par prévaloir. Il croit, grâce à d’accord entre le gouvernement et la représentation nationale, l’heure bien choisie pour procéder aux réformes économiques et financières, pour relever le crédit, pour réorganiser l’armée, l’administration, l’enseignement. Telle est la tâche pour l’accomplissement de laquelle M. Manuel Pardo réclame le concours de tous les hommes de bonne volonté. Il faut faire des vœux pour que le pays, éclairé par l’expérience, suive le conseil du président, et que le bon sens public empêche le retour des désordres qui viennent de cesser. Un rapide coup d’œil jeté sur la dernière crise en fera comprendre la gravité, et permettra d’apprécier l’œuvre réparatrice qui s’impose aux efforts de l’administration actuelle.

Les événemens du mois de juillet ont présenté le caractère le plus déplorable. Depuis quelques semaines, la situation du pays était très confuse. Plus on approchait du dénoûment des questions que faisait naître l’élection présidentielle, plus les attentats contre les personnes devenaient fréquens. Des villages entiers avaient été mis au pillage dans les provinces de Chincha et de Canete par des troupes de malfaiteurs. La polémique entre les partis était très vive. Les partisans de la candidature de M. Pardo, le chef libéral, et les soutiens de celle de M. Arenas se faisaient une guerre acharnée dans les colonnes des journaux et au sein de la commission permanente. Don Manuel Pardo lançait en avril un manifeste qui se terminait ainsi : « il importe que la nation sache une fois pour toutes si elle a ou n’a point le droit d’élire librement son premier magistrat. » Le colonel Balta, président de la république et dont les pouvoirs étaient sur le point d’expirer, faisait l’opposition la plus vive à la candidature de M. Manuel Pardo. Les élections présidentielles avaient eu lieu le 5 mai sans amener de désordres. Presque partout, deux collèges électoraux s’étaient formés ; on en comptait trois à Lima. Chacune de ces associations avait donné l’unanimité des voix au candidat qu’elle patronnait. MM. Arenas, Pardo et Ureta étaient nommés à la présidence par leurs partisans, mais c’est au congrès qu’il devait appartenir de décider entre eux. Le gouvernement soutenait M. Arenas ; toutefois certaines personnes prétendaient que le président Balta avait le dessein de se maintenir au pouvoir, même après l’expiration du terme assigné à ses hautes fonctions. Ces personnes allaient jusqu’à dire que les élections qui avaient eu lieu pour la présidence seraient déclarées nulles, que le congrès en prescrirait de nouvelles, et qu’en attendant, le chef de l’état assumerait la dictature. Suivant d’autres au contraire, le colonel Balta n’aspirait qu’à déposer un fardeau qui devenait chaque jour plus lourd pour lui. Cependant les journaux favorables à la candidature de M. Manuel Pardo, — el Comercio, el National, el