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semble. L’île, toute montagneuse au nord et à l’est, paraît, au moins par comparaison, peu élevée au sud et à l’ouest. Si de la côte orientale on traverse la Grande-Terre vers le centre, pour se rendre à la côte occidentale, il faut bientôt gravir une première chaîne de montagnes arrivant jusqu’à la mer ou s’en écartant de quelques lieues, mais toujours parallèle à la côte du port Leven au fort Dauphin. Tantôt montant, tantôt descendant, on s’élève par degrés à la hauteur de 800 à 900 mètres ; nulle part jusqu’à la ligne de faîte, on ne trouve de terrain plat, il n’y a que d’étroits vallons et des ravins sillonnés par de petits torrens. Au pied du versant occidental, entre 19° 30′ et 21° 30′ de latitude, on arrive dans une vallée étroite et profonde, plus au nord sur un vaste plateau comme ceux d’Ankaye et d’Antsianake ; vallons et plateaux ont été d’énormes cirques très tourmentés comme tout le pays environnant, convertis en lacs par les eaux pluviales, puis comblés par des éboulemens de terre argileuse et par l’humus provenant des détritus de végétaux ; — le phénomène se continue encore d’une manière très sensible en plusieurs endroits. De l’autre côté ou du plateau ou de la vallée commence la seconde chaîne des montagnes : sur une pente partout très abrupte, on atteint rapidement les sommets ; c’est la limite de partage des eaux. Les torrens qui coulent sur le versant oriental vont se perdre dans l’Océan indien ; ceux qui prennent leur source à l’ouest vont, après un parcours trois ou quatre fois plus long, se jeter dans le canal de Mozambique. Lorsqu’on a franchi la ligne de partage des eaux, loin de descendre, on entre dans la région la plus bouleversée, le grand massif dont la moindre altitude demeure à 1,000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Sur une largeur de 30 à 35 lieues, c’est un immense amas de montagnes qui ne s’étend pas vers le sud au delà du 23e degré de latitude ; M. Grandidier en compare l’aspect à celui d’une mer houleuse. À la limite, la pente est très rapide ; en peu d’instans, on se trouve dans une plaine, à 200 mètres au-dessus de la mer, — plaine sablonneuse, immense, large de 35 à 40 lieues, coupée dans le sens de la longueur du 16e au 25e degré de latitude par une ligne de montagnes, le Béhamara, plus à l’ouest et seulement vers le sud par une autre chaîne qui, venant se confondre avec la précédente sous le 26e degré de latitude, forme un vaste plateau, enfin par une chaîne plus ou moins voisine du littoral. La région du sud-ouest a échappé aux grandes convulsions qui ont amené les soulèvemens des masses granitiques dans le nord, le centre et la partie orientale ; elle ne s’est pas sensiblement modifiée depuis les jours de la période géologique secondaire.

La grande île africaine subit un changement qui s’opère avec