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exportation en France des planches de parquet non ouvrées. Elles attendent avec inquiétude les effets de notre retour aux anciens tarifs et l’échéance du traité, fixée au 15 avril 1877.

L’agriculture aussi est devenue pour la Suède une source ordinaire et quelquefois abondante de richesse depuis la réforme de la législation sur l’eau-de-vie sous le règne d’Oscar, qui fut comme le signal d’un développement inaccoutumé. Tandis qu’autrefois la Suède n’avait que de rares excédans, elle peut soutenir la concurrence avec le Danemark et d’autres pays agricoles, et elle contribue largement à la consommation de l’Angleterre, surtout pour l’avoine. Quatre années consécutives d’excellentes récoltes viennent de lui permettre une exportation des plus profitables ; d’ailleurs, et indépendamment de ces heureuses circonstances, la Suède actuelle recueille le fruit d’utiles travaux, accumulés depuis vingt ans. De 1835 à 1858, l’agriculture y a conquis, en prairies ou en champs labourés, jusqu’à 368,213 hectares. Cette augmentation, concourant avec l’accroissement des communications intérieures, est devenue un très actif encouragement, par exemple pour l’élève du bétail dans les provinces du nord. Quelques chiffres seront ici éloquens. L’importation des céréales : froment, seigle, orge, avoine, farine de froment et farine de seigle, est descendue de 1,141,100 quintaux en 67-68 et de 1,511,109 en 69-70, à 447,300 en 70-71, pendant que l’exportation, dans les quatre années 67-71, suivait la progression ascendante que voici : 6,400, — 14,800, — 36,000, — 63,200. L’avoine seule, importée en 67-68 et 68-69 pour 25,500 et 19,800 pieds cubes, ne comptait plus en 69-70 et 70-71 à l’importation, mais s’élevait à l’exportation pendant ces quatre années de 10 millions de pieds cubes en 67-68 à 20 millions en 69-70 et 70-71.

Pour favoriser et garantir le développement de ces réformes politiques et sociales, de ces progrès économiques où sont engagés les intimes intérêts de tout un peuple, il fallait la paix du dedans et l’assurance des tranquilles relations au dehors. La Suède a été assez heureuse, pendant le règne de Charles XV, pour obtenir constamment ce double avantage, non cependant sans avoir éprouvé parfois de vives inquiétudes sur la durée de la paix. Ce n’est certes pas qu’elle ait connu des divisions intérieures : cet heureux pays ne sait plus, à vrai dire, depuis la révolution de 1809, ce que c’est que les partis ; mais plus d’une fois les dangers du dehors sont venus lui donner ce problème à résoudre, à savoir si elle achèterait son progrès économique et social, et tout son développement intérieur, au prix d’une politique se désintéressant désormais de toutes questions extérieures. Si la disproportion des forces faisait de l’abstention une loi au gouvernement de Charles XV, il fut du moins visible que ce