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la résistance des Maoris. Les forces britanniques cantonnées dans l’île du nord étaient maintenues au chiffre de 2,500 hommes. En même temps on eut recours à l’utopie bien connue de la colonisation militaire. Cinq cents vieux soldats reçurent des concessions gratuites dans les territoires contestés, à la condition de cultiver et de se battre tour à tour suivant que besoin serait. Disons bien vite que cet essai ne fut pas plus heureux aux antipodes qu’il ne l’a été en Algérie. Ces soldats laboureurs disparurent au bout de quelques années sans presque laisser de trace et sans avoir rendu aucun service ni rien cultivé.

Quand le moment vint d’accorder un gouvernement représentatif à la Nouvelle-Zélande, de même qu’aux autres provinces australasiennes, on pensa qu’il était imprudent d’abandonner au parlement local la direction des affaires indigènes, puisque les frais de la guerre, en cas de mésintelligence, retomberaient sur le budget de la métropole. Cependant les tentatives de fusion des deux races qui avaient si misérablement échoué jusqu’alors ne pouvaient être un obstacle perpétuel à l’affranchissement des colons. Un acte royal de 1854 créait un conseil à vie de dix membres, une assemblée législative élue pour cinq ans, et divisait la Nouvelle-Zélande en six provinces pourvues chacune d’une assemblée délibérante. Le pouvoir exécutif appartenait à des ministres responsables ; le parlement possédait le droit de réformer sa propre constitution et de légiférer en toutes matières, sauf pour ce qui concernait les Maoris, dont le gouverneur-général s’occupait seul conformément taux instructions qu’il recevait de Londres. Cette réserve, dont on chercherait en vain l’équivalent dans les autres constitutions coloniales, prétendait se justifier par la subvention importante qu’accordait à la Nouvelle-Zélande le trésor impérial. L’entretien des troupes et l’amélioration des indigènes coûtaient 1 million de livres sterling par an à la Grande-Bretagne.

Néanmoins les difficultés s’aggravèrent au lieu de diminuer. Il fallut élever la garnison de l’île au chiffre de 7,000 hommes. On venait de découvrir des terrains aurifères dans la Nouvelle-Zélande ; la population s’accrut. L’Angleterre se fatiguait de payer si cher pour une colonie dont la prospérité était évidente, de même que le parlement local s’impatientait d’être tenu en tutelle par rapport aux affaires indigènes. En 1863, les Maoris du district de Waikato s’insurgèrent. Soldats réguliers et miliciens furent mis sur pied ; les dépenses de guerre dépassèrent toutes les prévisions. Le duc de Newcastle, qui était alors ministre des colonies, signifia nettement qu’elles devaient être payées en entier par ceux qui en profitaient. Le parlement voulut confisquer les terres des tribus rebelles ; on le laissa faire en lui notifiant que les troupes anglaises seraient