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ce moyen terme a été conseillé et même essayé ; on devait échouer devant le manque de fonds, l’imprévoyance, l’insuffisance démontrée des grands propriétaires et des corporations religieuses. Des propriétaires moins grands seigneurs que les princes ou moins impersonnels que les couvents, des fermiers moins citadins, voilà ce qu’il faut souhaiter à la province nouvelle que l’Italie s’est annexée. Qu’en travaillant eux-mêmes les futurs maîtres du sol suppriment à la longue une partie des intermédiaires qui s’imposent aux exploiteurs actuels, que leurs domestiques mettent la main à l’œuvre au lieu d’être de simples surveillans, et la culture, grevée de moins de frais inutiles, s’améliorera promptement. Tenant moins que le mercante à éviter l’excès de la main-d’œuvre, ils diminueront les mauvais pâturages pour ensemencer ce qui n’est pas propre à faire des prés. Déjà l’on constate que les pâturages romains ont besoin d’être renouvelés de temps en temps, ce renouvellement deviendra le principe d’assolemens plus réguliers ; mais, pour réaliser de telles espérances, il faut rendre possible la vente de la terre. Celui qui l’achètera de ses deniers saura trouver les moyens de la faire valoir.


IV

Comment la pastorizia, déjà séculairement établie, ne se prolongerait-elle pas tant que subsiste la grande propriété ? Elle seule permet un certain emploi du terrain avec des capitaux limités, elle seule permet de se passer d’une nombreuse population. Disons-le enfin, dans les conditions économiques qui ont régné jusqu’ici, elle a été plus productive que les labours, parce qu’elle était moins onéreuse. On a calculé que grâce à ce nombreux personnel d’intermédiaires, les labours ne rendaient pas souvent en bénéfices nets plus du septième de la mise de fonds. Le pâturage au contraire peut donner jusqu’aux trois quarts des frais d’exploitation qu’il nécessite ; encore le mercante a-t-il la faculté de sous-louer une partie de ses pacages aux bergers des Sabines. Sans risques aucuns, il réalise souvent d’assez beaux bénéfices par ce dernier moyen. A de telles conditions, il a trouvé ordinairement plus d’avantage à élever qu’à ensemencer. L’espace ne lui manquait pas, et, vu le bas prix des fermages, il s’est attaché à la culture extensive, soignant mal pour moins dépenser. Il est vrai que par là il récoltait moins.

Assurément les fourrages artificiels lui eussent nourri trois fois plus de bestiaux ; mais à quoi bon faire le sacrifice d’ensemencemens pour créer ces légumineuses, quand avec un maigre déboursé il pouvait louer triple étendue de terrains vagues ? Que la propriété