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capillaires, Les glandes, les muscles, les viscères, bref tous les organes, sont constamment brûlés ; ils reçoivent à chaque instant de l’oxygène qui détermine au plus profond de la substance des métamorphoses de nature variée. En un mot, chaque organe respire en tous ses points à la fois et respire à sa façon. C’est à tort que certains physiologistes prétendent encore aujourd’hui localiser le phénomène respiratoire dans les vaisseaux capillaires. Ceux-ci ne sont que les canaux vecteurs de l’oxygène qui, par exosmose, en traverse les fines parois, et opère alors, au contact immédiat des plus petites particules de la masse organisée, l’acte chimique qui entretient le feu de la vie. Il est aisé de le constater en plaçant un tissu quelconque récemment détaché du corps dans un milieu oxygéné. On observe en ce cas un dégagement d’acide carbonique, ainsi qu’un développement de chaleur, et cette possibilité de la respiration en dehors de l’économie prouve bien qu’un tel acte peut être rigoureusement assimilé, comme le voulait Lavoisier, à la combustion d’un corps quelconque. Il n’y a de différence que sous le rapport de l’intensité. Tandis qu’une bougie ou qu’un morceau de bois brûle rapidement et avec flamme, les matériaux combustibles de la pulpe organique se combinent à l’oxygène d’une façon plus discrète et plus lente, moins tumultueuse et moins franche.

Le sang, qui sans cesse passe et repasse dans les vaisseaux les plus ténus de notre corps et se sature d’oxygène chaque fois que notre poitrine se soulève, le sang se compose de matériaux très divers. Il contient des sels minéraux tels que chlorures, sulfates, phosphates de potasse, de soude, de chaux, de magnésie, des matières colorantes, des corps gras, des substances neutres du genre de l’amidon, enfin des produits azotés comme l’albumine et la fibrine. Les sels éprouvent peu de modifications dans le torrent circulatoire ; ils sont éliminés par les principaux émonctoires. Les substances neutres du genre de l’amidon sont converties en glycogène et en graisse. Les corps gras ne subissent dans le sang que des oxydations qui engendrent plusieurs dérivés du même ordre. Enfin les produits azotés se convertissent en fibrine, en musculine, en osséine, en pepsine, en pancréatine, tous composés peu différens. C’est la première partie du travail chimique qui s’accomplit dans la principale humeur de notre corps. Tous ces matériaux, élaborés aux différens points du torrent circulatoire et destinés à l’assimilation, sont détruits dans les organes mêmes où ils avaient été fixés. Le glycogène est transformé en sucre, lequel est brûlé avec formation d’eau et d’acide carbonique ; les acides gras sont en partie éliminés par la peau, en partie brûlés. Quant aux matières plastiques qui forment la trame des tissus, on connaît à peine la relation chimique qui les rattache à leurs produits de destruction, l’urée, la créatine, la