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où il était cassé au marteau, puis trié définitivement. Les parties les plus pauvres étaient broyées dans des mortiers en fer ou en pierre dure, et enrichies par le lavage. Les restes de laveries sont très nombreux ; plusieurs d’entre elles ont été recouvertes par des scories pendant la période de refonte dont parle Strabon, et sont d’une conservation parfaite. Elles se composent de bassins parallélipipédiques, cimentés, réunis entre eux par des canaux et disposés suivant un carré de 10 ou 11 mètres de côté. Au milieu est une aire horizontale ou peu inclinée. L’un de ces bassins renfermait probablement un crible, car il porte sur les parois deux rainures longitudinales qui paraissent destinées à encastrer des pièces de bois ; les autres servaient de bassins de dépôt : les matières fines les plus riches et par conséquent les plus lourdes s’y réunissaient. L’eau était recueillie précieusement dans de grandes citernes cylindriques ou rectangulaires, creusées dans le roc, cimentées, et dont la capacité variait de 300 à 1,500 mètres cubes. Un escalier ménagé sur une des parois permettait aux ouvriers de descendre jusqu’au fond pour enlever les boues de dépôt.

Les matières provenant du triage et du lavage, et rejetées par les anciens comme stériles, se sont accumulées en masses énormes auprès des laveries et des puits. Par suite des procédés imparfaits mis en usage, elles n’ont pas été complètement appauvries et tiennent encore en moyenne 6 ou 7 pour 100 de plomb et de 100 à 120 grammes d’argent par tonne. Ce sont ces matières qui constituent les terres métallifères, minerais de halde, rejets de mines ou ekboladès, dont il sera plus d’une fois question dans cette étude.

Les fonderies étaient ordinairement placées près des mines et des laveries ; quelques-unes se trouvaient sur le bord de la mer, comme à Thorico, Cypriano, Ergastiria, Pacha, Lagrana. D’autres, en grand nombre, étaient disséminées dans l’intérieur des terres aux lieux qu’on nomme aujourd’hui Megala-Pephka, Berzeko, Sinterini, etc. Plusieurs fours, remontant à la période grecque, ont été découverts sous les scories. Ils étaient très bas, cylindriques, d’environ 1 mètre de diamètre, et construits avec des micaschistes du Laurium ou avec des trachytes très réfractaires provenant de l’île de Milo. Le combustible était du charbon de bois, fourni soit par les forêts du pays, soit par celles de Thrace et de Macédoine. Le courant d’air était entretenu par des soufflets mus à bras d’hommes. Au-dessus des fours on élevait de hautes cheminées, afin de soustraire les ouvriers et les champs environnans à l’action délétère des fumées de plomb.

Les produits de la fusion étaient de trois sortes : 1o le plomb d’œuvre renfermant de 1,500 à 3,000 grammes d’argent par tonne ; 2o la scorie ; 3o la cadmie ou oxyde de zinc. Celle-ci se déposait dans les cheminées et sur les parois des fours sous forme de