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FELIX DUBAN
L'EXPOSITION DE SES DESSINS A L'ECOLE DES BEAUX-ARTS

Lorsque, au commencement de l’année 1857, les amis et les élèves de Paul Delaroche organisaient une exposition posthume de ses œuvres, l’entreprise qu’ils tentaient n’avait pas eu de précédent encore dans notre pays. C’était la première fois qu’en France on essayait de réunir pour les remettre sous les yeux du public les travaux successivement produits par un artiste célèbre, et, de dérouler en quelque sorte d’un bout à l’autre l’histoire d’un talent que la mort venait de livrer à la postérité. Jusqu’alors, tout s’était borné à la publicité que recevaient, au moment de la mise en vente, les ouvrages inachevés ou les morceaux d’étude trouvés dans l’atelier du maître qui n’était plus. L’enquête ne s’ouvrait, à vrai dire, que sur les secrets de sa vie privée ou sur les témoignages de ses derniers efforts : nul moyen d’ailleurs d’apprécier dans leur ensemble les titres qu’il s’était progressivement acquis, de contrôler ses succès passés, et, le cas échéant, d’en punir l’exagération par la froideur ou la sévérité, présente. L’épreuve faite après la mort de Paul Delaroche a été, depuis cette époque, plus d’une fois renouvelée, Ary Scheffer, Hippolyte Flandrin, Ingres, ont tour à tour ainsi comparu devant la nouvelle génération, appelée à réviser ou à confirmer les arrêts des premiers juges, et maintenant l’usage semble à peu près consacré parmi nous de soumettre à cet examen suprême quiconque a, de son vivant, joui dans notre école d’une grande renommée.

Encore faut-il que par leur nature et leurs caractères matériels les travaux accomplis puissent être enlevés des places qu’ils occupent d’ordinaire pour venir se grouper sous un toit provisoire. Sauf