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étourderies les exemples de haute raison, de clairvoyance scientifique, donnés en pareil cas par Duban, et de mettre en regard des paradoxes avancés par quelques faux disciples les dessins dans lesquels le maître a déterminé la fonction de la peinture architectonique et en a renouvelé de l’antique les justes procédés et les lois. Nous nous contenterons donc d’indiquer parmi les œuvres de sa main et de recommander particulièrement à l’attention comme des spécimens accomplis de goût et de sagacité un Intérieur à Pompéi, un autre au bas duquel sont inscrits ces mots : Sic olim in Pompeia, une Villa antique à Daïa, — l’Intérieur d’un tombeau étrusque dont Duban a, dans un second dessin, utilisé différemment la donnée et transformé l’aspect en déplaçant le point de vue, — enfin deux Compositions dans le style antique, appartenant, l’une à M. Duc, l’autre à M. Vaudoyer : compositions analogues, presque semblables même par le choix du sujet et par l’ordonnance, comme si l’artiste avait voulu par cette parité des témoignages égaliser aussi envers ses deux amis des sentimens et des souvenirs qu’une double et touchante inscription achève d’ailleurs de consacrer.

A ne prendre les dessins de Duban que dans leurs rapports avec les types qui les ont inspirés, à n’en considérer que l’importance et la valeur archéologiques, on pourrait rapprocher ces savantes études sur l’architecture aux différentes époques des tableaux dans lesquels Ingres a défini la physionomie pittoresque de certains personnages historiques ou résumé les mœurs d’un siècle, d’une race, d’un pays. Même austère bonne foi chez les deux artistes en face de leurs modèles, même aptitude à en saisir les traits caractéristiques, et nous ajouterons même parti-pris d’en reproduire sans merci jusqu’aux apparences les plus propres à déconcerter nos habitudes ou à choquer nos préjugés. Las, comme l’illustre peintre, des interprétations mensongères ou des imitations énervées de l’antique, Duban voulut et sut comme lui ressusciter, dans leur esprit aussi rigoureusement que dans leurs formes, les traditions dont tant d’autres s’étaient contentés de copier servilement ou d’enjoliver la lettre. Et ces procédés d’examen intime, ce zèle de la vérité à la fois idéale et matérielle, il ne les a pas appliqués seulement aux études qui avaient l’art. de l’antiquité pour objet. Comme Ingres encore, et avec une perspicacité égale à la sienne, il a compris, analysé, restitué l’art du moyen âge et celui de la renaissance aussi patiemment, aussi pieusement que lorsqu’il s’agissait pour lui de faire revivre les chefs-d’œuvre de l’architecture grecque ou les monumens de Rome. Si le style de cette Cella d’un temple dédié à Neptune a la même majesté, le même calme hellénique que le style employé pour figurer l’Apothéose d’Homère, si le dessin intitulé Le