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LES
OUVRIERES DE FABRIQUE

Parmi les questions que soulève le régime industriel du XIXe siècle, celle du travail des femmes dans les fabriques n’a pas une médiocre importance. Quand la loi de 1868 autorisa dans notre pays les réunions publiques, ce fut l’étude des moyens d’améliorer le travail des femmes qui, à Paris, inaugura dans la salle du Vaux-Hall ces séances populaires. Les commissaires de la grande exposition de 1867, voulant décerner des prix non-seulement pour les progrès matériels, mais aussi pour les progrès moraux accomplis dans l’organisation de l’industrie, recherchèrent les institutions les plus pratiques pour sauvegarder, dans les occupations manufacturières, la santé, l’intelligence et plus encore la moralité de la femme. Aujourd’hui la commission nommée par l’assemblée nationale pour la réglementation du travail des enfans dans les usines vient de décider qu’elle ne regarderait pas sa tâche comme accomplie avant d’avoir étudié la situation des ouvrières dans les ateliers. En Angleterre, la puissante société pour l’avancement des sciences sociales, qui fut longtemps dirigée par lord Brougham, n’a laissé passer aucune de ses grandes assises annuelles sans consacrer la place principale à l’examen de la destinée de la femme du peuple. La Belgique a retenti naguère des débats passionnés que souleva dans le parlement et dans le public un rapport médical sur la condition des ouvrières occupées dans les mines et les charbonnages. En Allemagne et en Amérique aussi, l’attention s’est portée avec vivacité et persistance sur le sort des ouvrières industrielles. C’est par centaines que l’on compterait dans les pays civilisés les livres, les brochures et les journaux qui se sont proposé depuis trois ou quatre ans de contribuer à