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l’administration ne s’est pas laissé effrayer par ces diflicultés ; elle a hardiment abordé le problème, et croit l’avoir résolu.

Dans toute maison de commerce comme dans toute caisse publique, les dépenses et les recettes sont consignées sur divers registres, dont les principaux sont le livre-journal et le grand-livre. On inscrit sur le journal les opérations jour par jour, à mesure qu’elles se présentent ; on les reporte ensuite au grand-livre, en les classant par ordre de matières. Ces registres, on les tient également dans les arsenaux, pour y consigner les entrées et les sorties du matériel. C’est un de ces livres qui a fixé l’attention de l’administration et qui est devenu le pivot de la réforme. On a trouvé que le grand-livre ferait un compte excellent, qu’il pourrait se prêter à tous les développemens de l’unité simple, et qu’on ne saurait avoir de meilleur document à soumettre au contrôle central et à la cour des comptes. Il fut donc arrêté que le grand-livre serait le compte. On n’imposait ainsi aux comptables des magasins aucune obligation nouvelle, puisqu’ils étaient déjà obligés, sous le régime antérieur, à la tenue de ce registre. On simplifiait au contraire leur tâche en les déchargeant de la rédaction des anciens comptes et de plusieurs autres documens, on facilitait en même temps l’œuvre du contrôle. En effet, si le compte lui-même offrait dès lors un volume plus considérable, il avait l’avantage de condenser les descriptions et les renseignemens, fractionnés antérieurement sur des pièces diverses ; il fournissait un ensemble complet, sur lequel pouvaient se concentrer des vérifications disséminées jusqu’alors sur des relevés et des états distincts et mal coordonnés. Non-seulement le grand-livre est devenu le compte ; par un agencement habile, il est devenu aussi l’inventaire. C’est une simplification et une économie de peine, qui ne causent d’ailleurs aucun préjudice au contrôle du magasin. Il ne faut pas confondre l’inventaire dont il est ici question, et qui n’est qu’un relevé des matières d’après les écritures, avec le recensement effectif qui constate les matières existant réellement.

La forme du compte trouvée, il s’agissait d’assurer la réalité et l’exactitude des faits appelés à y figurer. C’est dans le perfectionnement des pièces justificatives et dans l’amélioration du service des recensemens qu’on a cherché ces garanties. Pour toutes les entrées de mjitières correspondant à une dépense en deniers, un mécanisme ingénieux, que nous expliquerons tout à l’heure, permet d’en reconnaître l’exactitude dans la dépense même du compte en deniers. Pour les réintégrations d’objets faites par les corps de troupes, qui avaient donné lieu aux abus les plus nombreux, notamment dans le service de l’habillement, on prévient les dissimulations, trop souvent pratiquées dans les entrées, au moyen d’un