Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 97.djvu/921

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LOUISE

Oui, je veux que tu voies cet homme dangereux, et que tu reconnaisses avec moi qu’il n’y a pas de tels hommes pour une honnête femme.

ANNA

Mais mon mari… Il est vrai qu’il ne m’a pas défendu de le recevoir !

LOUISE

Ton mari t’estime trop pour s’inquiéter de rien ; d’ailleurs je suis là.

LE DOMESTIQUE, annonçant.

M. le marquis de Valroger.




Scène III


LOUISE, ANNA, VALROGER.


VALROGER, allant à Anna.

Si j’ai eu l’audace d’insister, madame…

LOUISE

C’est que vous m’avez vue à cette fenêtre ? (Bas à Anna étonnée.) Laisse-moi faire !

VALROGER, désignant Anna.

C’est madame que j’ai vue.

LOUISE

Madame est mon amie, madame de Trémont, et vous êtes ici chez moi ; c’est moi seule qui dois vous demander pardon de vous avoir fait attendre.

VALROGER, railleur.

Vous êtes bien bonne de vous excuser, madame, je ne savais pas avoir attendu.

LOUISE

C’est que… on vous avait dit que j’étais sortie. Je ne l’étais pas.

VALROGER

Vous êtes adorable de franchise, madame ! Je dois donc me dire que votre premier mouvement avait été de me mettre à la porte ?

LOUISE

Absolument.

VALROGER

C’est-à-dire une fois pour toutes ?

LOUISE

J’en conviens, puisque je me suis ravisée.

VALROGER

J’en suis bien heureux ; mais à qui dois-je ?…