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MA FEMME ET MOI

:My Wife and I, or Harry Henderson’s history, by mistress Beecher-Stowe ; Edinburgb and London.


Ma Femme et moi, tel est le titre du nouveau livre de mistress Beecher Stowe, un livre aussi éloigné des questions humanitaires et politiques, qui ont assuré le prodigieux succès de l’Oncle Tom, que des questions théologiques, qui dans la Fiancée du ministre figuraient au premier rang, — un livre d’une portée plus sérieuse néanmoins que ce gracieux prologue, la Perle de Vile d’Orr, dont les héros étaient de petits enfans ; c’est une étude de mœurs approfondie, conduisant parfois à des conclusions quelque peu hasardées, gâtée souvent par une argumentation diffuse et l’abondance excessive du dialogue, mais curieuse par le tableau net et vivant qu’elle nous donne des différentes sphères de la société américaine, des ambitions, des utopies qui couvent chez ce peuple jeune et vivace.

Mme Stowe se propose pour but principal de déterminer le rôle de la femme dans le monde moderne ; selon elle, ce rôle est plus important encore que celui de l’homme, et dès les premières lignes l’homme lui-même, — car ce roman est une autobiographie, — Harry Henderson, l’époux, en convient. « Ce n’est pas moi et ma femme ; oh non !… que suis-je, et quelle est la maison de mon père, pour que je passe avant ma femme en rien ? . Cette raison sociale, Ma Femme et moi, n’est-elle pas la forme la plus ancienne et la plus vénérable de l’association chrétienne ? Où en trouveriez-vous une plus sage, plus forte, plus universellement populaire ? » Ma Femme et moi, tel que le comprend Mme Beecher-Stowe, est le symbole de quelque chose de mieux que l’union terrestre, le signe choisi par l’amour tout-puissant pour représenter sa communion rédemptrice avec l’âme humaine : une fontaine de jeunesse éternelle jaillit au seuil de chaque maison ; chaque homme, chaque femme qui se sont aimés dans le mariage ont eu le plus beau des romans et la